Le premier ministre Harper a annoncé dimanche qu'un gouvernement conservateur réélu étendra la portée des mesures législatives antiterroristes pour criminaliser les déplacements dans certaines régions de pays étrangers où des groupes terroristes, comme le groupe armé État islamique, sévissent.
«La création d'une catégorie de zones de déplacements étrangers interdites donnera aux forces de l'ordre des outils additionnels afin de mieux protéger les Canadiens contre ceux qui se rendent dans ces zones dangereuses avec l'intention de revenir au Canada pour commettre des actes terroristes», a précisé M. Harper lors d'une annonce sur la sécurité nationale, à Ottawa.

Les zones qui seront frappées par cette mesure n'ont pas été révélées par le premier ministre lors de son annonce. Cependant, un communiqué du Parti conservateur précise que l'Australie a adopté une mesure législative similaire ciblant la province de Raqqa, en Syrie, et le district de Mossoul, en Irak.
Les conservateurs ont indiqué que les Canadiens pouvant démontrer qu'ils se sont rendus dans des zones désignées à des fins légitimes, comme pour de l'aide humanitaire ou un reportage journalistique, par exemple, ne seront pas poursuivis en vertu du règlement.
Lors de son annonce, Stephen Harper a indiqué que le groupe armé État islamique et ses partisans ont menacé le Canada et les Canadiens. Il a d'ailleurs rappelé les meurtres de deux soldats en sol canadien en octobre 2014 par des hommes radicalisés lors d'attentats.
M. Harper faisait référence à Patrice Vincent, tué par balle à Saint-Jean-sur-Richelieu, et Nathan Cirillo, abattu au Monument commémoratif de guerre à Ottawa.
«Ce sont des menaces qui ne vont pas disparaître, et nous n'avons pas d'autre choix que de les affronter», a spécifié M. Harper.
Le chef libéral Justin Trudeau a qualifié l'annonce du premier ministre Harper de «diversion», parce qu'«il ne veut pas parler d'économie». Il a refusé de s'engager à appuyer la mesure proposée par les conservateurs sur la sécurité nationale.
«On ne s'engagera pas là-dedans. Ce qu'il est en train de dire n'est pas quelque chose qui me préoccupe», a lancé M. Trudeau lors d'un point de presse à Ottawa.
À Vancouver, le chef du NPD, Thomas Mulcair, s'est dit d'accord avec l'introduction de mesures qui «présumément réduiront la menace terroriste», mais il a indiqué que Stephen Harper a raté l'occasion d'inclure dans la Loi antiterroriste de 2015 des mesures concrètes pour lutter contre la radicalisation des jeunes au Canada.
«Si M. Harper avait été sérieux, il aurait commencé par cela», a réagi M. Mulcair.