Sauf pour l'île de Montréal où les prix de l'essence ont augmenté de 6 cents hier, toutes les régions du Québec pourraient déjà connaître un prix de l'essence ordinaire inférieur à 1 dollar le litre, si ce n'était du marché du carbone et de l'augmentation depuis un an des marges de raffinage des raffineries.
La raffinerie Valero facture déjà aux consommateurs pour le marché du carbone, près de 4 cents le litre (3,9936 litres/l) pour l'essence ordinaire. Or plusieurs régions du Québec, affichent déjà des prix de l'essence ordinaire inférieurs à 1,04 cent le litre. Sans le marché du carbone, les prix de l'essence ordinaire seraient déjà à moins d'un dollar le litre.
C'est le cas notamment à Brossard ou l'on pouvait retrouver au cours des dernières heures un prix pour l'essence ordinaire de 1,03.4 cents/l sur le site internet de GasBuddy. D'autres villes affichaient également un prix inférieur à 1,04 cents le litre. C'est le cas notamment de St-Jean (1,03.4), Beauport (1,02.4), Trois-Rivières (1,03.9) et Lévis (1,03.9).
Sur l'île de Montréal, plusieurs stations affichaient hier 1,16 cents le litre après avoir affiché lundi des prix variant entre 1,05 et 1,10 cents le litre. Hier, c'est sur l'île de Montréal qu'on retrouvait les prix les plus élevés au Québec selon les chiffres disponibles sur le site de la Régie de l'énergie.
Une nouvelle source de revenus pour le gouvernement
Alors que le marché du carbone n'avait généré avec les entreprises que 107$ millions de nouveaux revenus pour le gouvernement depuis la fin de 2013, depuis le mois de novembre 2014, le gouvernement a multiplié ses revenus de six fois avec l'imposition d'un marché du carbone pour l'essence.
«Dans les derniers douze mois effectivement les enchères ont généré 650$ millions de dollars qui sont versés au Fonds Vert et l'an prochain en 2016 ça devrait s'élever à près de 900$ millions de dollars», a déclaré à notre Bureau d'enquête Youri Chassin de l'Institut économique de Montréal. Pour le diesel et l'huile à chauffage, les montants perçus grâce au marché du carbone excèdent déjà les 5 cents le litre.
Et d'après Yves Legault vice-président de Général National Ecocredit ce n'est pas terminé. «Le gouvernement du Québec gagne sur l'écart des devises et le prix du carbone est plus élevé de 25%, sur le prix en Californie qui est plus haut en raison de la demande et qui est le grand perdant? Obligatoirement le consommateur qui paie 4 cents actuellement et qui va payer 6 cents prochainement.»
En Colombie-Britannique le marché du carbone coûte déjà aux automobilistes plus de 6,5 cents le litre d'essence ordinaire. Au Québec tous ces milliards seront versées au Fonds Vert et c'est le gouvernement et les fonctionnaires qui en feront l'allocation.
Les marges de raffinage
Par ailleurs, comme l'a déjà démontré notre Bureau d'enquête, depuis un an, les marges des raffineurs au Québec ont aussi augmenté de 10 cents le litre.
Par exemple en août 2014, la marge des raffineries était de 8 cents le litre; elle est aujourd'hui de 18,36 selon les chiffres recensés par Kent Marketing.
Des villes comme Saguenay (1,08.4), Sherbrooke (1,09.3), paieraient aujourd'hui leur essence moins de 1 dollar le litre si les marges des raffineurs étaient restées au même niveau qu'elles l'étaient l'an dernier, soit 10 cents de moins qu'aujourd'hui.
Les prix affichés à Rimouski au cours des dernières heures étaient de 1,11 dollar le litre. N'eût été du coût du marché du carbone à 4 cents et de l'augmentation des marges des raffineries de 10 cents, même Rimouskois paieraient aujourd'hui moins de 1 dollar le litre pour leur essence ordinaire.
Pour l'instant seuls les consommateurs de Gatineau et de certaines villes en bordure des frontières avec l'Ontario le Nouveau-Brunswick et les États-Unis, bénéficient de prix inférieur à un dollar le litre parce que le gouvernement du Québec, pour éviter que les consommateurs aillent s'approvisionner chez nos voisins, a décidé de diminuer ses propres taxes à la pompe.