Freiner la déportation des Haïtiens et des Zimbabwéens établis au Québec et ouvrir les frontières pour accueillir un plus grand nombre de migrants; c'est ce que souhaitaient les quelques centaines de manifestants présents samedi dans les rues du centre-ville de Montréal.
L'ambiance était à la fête, vers 14 h, à la place Norman-Bethume, afin d'accueillir les participants. Des porte-parole des quatre associations à l'origine de l'événement, soit le Comité d'action des personnes sans statut, le Comité d'actions contre la décision 168-13 de la République dominicaine, Unissons-nous et Solidarité sans frontières, se sont tour à tour partagé le micro afin de motiver la foule.
«On a un gouvernement qui utilise la peur depuis des années pour conditionner les citoyens à craindre les gens qui viennent d'ailleurs, a indiqué Rosaline Wong, membre de Solidarité sans frontières. Le niqab et le terrorisme en sont de bons exemples.»
Peu de temps après la fin des discours et témoignages, les participants ont entamé leur marche. Pendant un peu plus d'une heure, le groupe a pris d'assaut un bon tronçon de la rue Sainte-Catherine Ouest, avant de clore l'événement au square Phillips. L'itinéraire de la manifestation n'avait pas été fourni à l'avance aux autorités. La police de Montréal a donc encadré les marcheurs, mais n'a pas dû intervenir de quelconque façon.
Déportation
Les militants déploraient, entre autres, la levée du moratoire sur le renvoi de ressortissants d'Haïti et du Zimbabwe. En décembre dernier, le gouvernement fédéral annonçait que les conditions de vie des habitants de ces pays s'étaient grandement améliorées depuis l'adoption de la suspension temporaire des renvois. Pour cette raison, Ottawa offrait une période de six mois aux personnes touchées pour présenter une demande de résidence permanente, sans quoi ils seraient renvoyés dans leur pays d'origine. À ce jour, plusieurs d'entre eux ont reçu une lettre les forçant à quitter le Canada.
«Le Québec, c'est rendu leur maison, a indiqué Jean-Philippe Deschamps, un militant. Plusieurs familles se sont installées confortablement ici, elles ont travaillé, elles ont contribué à la société autant qu'elles le pouvaient et maintenant, on les sacre dehors. Ce sont des gestes barbares.»
Accueil des migrants
La publication massive de la photo d'Alan Kurdi, ce petit syrien dont le corps sans vie a été retrouvé sur les berges d'une plage turque en septembre, a assurément sensibilisé un bon nombre de citoyens sur la question des réfugiés étrangers. Malgré la triste popularité du cliché, les Québécois demeurent craintifs à l'idée d'accueillir plus de migrants, selon les manifestants présents samedi.
«La xénophobie, c'est un construit de l'imaginaire, a indiqué Vincent Desrochers, un militant. En incitant à la xénophobie, comme le fait actuellement le gouvernement, on crée un clivage ethnique, alors que le clivage devrait être un clivage de classe, entre les travailleurs et les riches, par exemple.»
Les organisateurs ont exprimé à de nombreuses reprises qu'un changement radical doit être fait quant au nombre de migrants accueillis au Québec et au Canada. «Il faut absolument ouvrir les frontières davantage», a ajouté Mme Wong.
Des moyens de pression de ce genre seront tenus jusqu'à ce que le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, instaure des mesures concrètes pour aider les réfugiés étrangers à s'installer au Québec, ont laissé tomber les organisateurs.