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Les Voisines: la colocation pour la réintégration

Femmes itinérantes

Célébrant son troisième anniversaire, le programme Les Voisines de la Mission Old Brewery permet à des femmes itinérantes de retrouver leur autonomie et tisser des liens en leur offrant de vivre en colocation.

Lorsque des femmes tentent de sortir de l'itinérance chronique, certaines ont perdu le fil de leur quotidien et peinent à se réintégrer pleinement à la société.

«On a réalisé que des fois, la marche était brutale. La plupart de nos services de transition sont très encadrés», a expliqué Florence Portes, la directrice des services aux femmes chez Old Brewery.

Afin de faciliter leur réintégration, la Mission Old Brewery a reproduit du mieux possible un contexte de colocation en transformant le quatrième étage du Pavillon Patricia-Mackenzie en grand appartement.

La dizaine de bénéficiaires du programme vit dans des chambres individuelles ou partagées à deux. On y retrouve aussi un petit salon, une grande cuisine, une salle de bain et une salle de lavage.

«Dans un environnement plus confortable, on se rétablit plus vite, les gens retrouvent leur marque plus facilement», a affirmé Mme Portes.

Briser l'isolement

Les Voisines y vivent en moyenne pendant six mois, le temps de réintégrer leurs habitudes de vie et de rebâtir leurs liens.

«Lorsque les femmes se retrouvent en logement sans avoir tissé de liens sociaux, elles n'ont pas ou peu de soutien pour ce retour à l'autonomie et ça peut être difficile», a confié Florence Portes.

Aucune n'est revenue au Service d'urgence de la Mission, une seule femme a été retirée du programme et certaines sont parties sans y trouver leur compte. La très grande majorité a trouvé un appartement ou est partie vivre dans les logements sociaux du Pavillon Lise-Watier.

«Quand je me suis retrouvée à la rue, je n'avais pas d'aide, ma famille ne ressemblait à rien, a confié Karen, qui bénéficie du programme depuis mai dernier. Les Voisines sont devenues ma nouvelle famille, ça m'aide beaucoup.»

Comme en colocation

Avec aucune contrainte d'horaire ni de durée, peu d'obligations, des responsabilités partagées et des frais de service à payer, la vie des Voisines ressemble à n'importe quel quotidien de colocataires. Chaque soir, une des Voisines cuisine un repas partagé par tout le monde.

Les frais comprennent le logement, les services d'aide et la nourriture. Les bénéficiaires du programme doivent payer entre 240$ et 400$ par mois, en fonction de leur revenu d'aide sociale. Chacune prend soin de son espace personnel et à tour de rôle elles s'occupent de l'espace commun.

«La seule chose qu'on leur demande, c'est qu'elles préviennent si elles ne prévoient pas rentrer coucher, pour pas qu'on s'inquiète», a ajouté Mme Portes.

Communication et respect

Une intervenante psycho-sociale est aussi disponible pour les Voisines qui cherchent conseil. «C'est un peu leur coach de vie», a souligné la directrice des services aux femmes.

Jezabel Dunn-De-Petrillo est en poste depuis quelques mois et déjà, elle apporte sa couleur au quotidien des Voisines. «Avoir 10 femmes qui vivent ensemble, c'est quand même difficile et il faut faire des compromis, a-t-elle indiqué. C'est pour ça qu'on travaille beaucoup la communication.»

Mélanie [nom fictif] est une Voisine depuis octobre 2013. Elle est en attente pour un appartement au pavillon Lise-Watier et explique qu'elle a beaucoup cheminé depuis qu'elle bénéficie du programme.

«C'est bien parce qu'on ne nous pousse pas trop, a-t-elle raconté. On respecte vraiment notre rythme.»

De son côté, Karen croit que son expérience en tant que Voisine lui permet de «guérir lentement mais sûrement» et de reprendre son autonomie.

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