Robert Lepage amène la réalité virtuelle dans le temple des livres de Montréal pour célébrer le 10e anniversaire de la Grande Bibliothèque. Dès mardi, les gens pourront s'immerger dans le monde que propose l'exposition La bibliothèque, la nuit, qui fait découvrir 10 des bibliothèques les plus fascinantes sur la planète.
Le visiteur entre dans une immense pièce qui représente une forêt plongée dans la pénombre, des pages de livres traînant aux pieds des tables et des arbres. Casque sur la tête, lunettes sur les yeux, et la personne est littéralement plongée dans l'une ou l'autre des 10 bibliothèques choisies par le grand créateur Robert Lepage et l'écrivain Alberto Manguel.
C'est d'ailleurs à partir du livre de Manguel, La bibliothèque, la nuit, que cette œuvre a été créée, et c'est aussi sa voix qui accompagne la visite virtuelle de chaque établissement, créé grâce à la technologie appelée Oculus Rift.

Il ne suffit que de fixer un des sigles qui apparaissent dans le champ de vision de la personne qui tente l'aventure, et de cligner des yeux afin d'être transporté à la bibliothèque universitaire de Copenhague, celle d'Alexandrie, de Sarajevo ou celle du Nautilus, une bibliothèque imaginaire tirée du livre Vingt mille lieues sous les mers, de Jules Vernes.
«C'est un voyage immobile. La personne est sur une chaîne qui peut tourner, donc elle regarde vers le haut, vers le bas, peut regarder partout, mais ne peut pas se déplacer», a expliqué Robert Lepage, qui a développé ce concept avec sa compagnie Ex Machina.
Grande première mondiale
C'est la première fois qu'un projet utilisant cette technologie de réalité virtuelle va si loin et qu'un projet est si ambitieux et si achevé.
«Les technologies ont rattrapé le projet, dans toutes ses ambitions, sans aucun compromis. J'ai appris beaucoup sur les bibliothèques. C'est avant tout un lieu communautaire, un lieu de rencontre, et j'espère que le projet fait état de ça», a mentionné Lepage, plus que fier que ce grand projet ait été livré par des gens d'ici.

Bien qu'il y ait eu de nombreuses embûches en plus de deux ans de travail, ils ont réussi à rendre une exposition différente, sensorielle, culturelle, architecturale, émotionnelle et même philosophique à travers une technologie plus qu'impressionnante.
«On tourne avec une douzaine de caméras, qui sont installées sur un arbre à caméras, et toutes ces images-là sont recomposées, recousues ensemble», a expliqué le créateur.
La nuit
C'est une exposition aussi sur la nuit, avec tout ce qu'elle apporte «de mystère, de quiétude, de rêve et d'imagination», et le contraste entre ce qu'une bibliothèque représente le jour et le sens qu'elle prend la nuit.
«Le thème de la nuit très intéressant, ça vient avec la noirceur, mais c'est aussi sur la relation avec le feu. Quand on place une flamme près d'un livre, en un sens c'est pour l'illuminer, dans un autre c'est pour le détruire», a souligné Lepage.
L'exposition sera à la Grande Bibliothèque de Montréal jusqu'à la fin août 2016. Il faut absolument réserver sa place avant de vivre l'aventure, car les heures sont préétablies et les places sont limitées.