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Quand Dany Lafferière guide un jeune immigré

Michel Desbiens/AGENCE QMI

Dans «Tout ce qu’on ne te dira pas, Mongo», Dany Laferrière guide un jeune immigré dans sa nouvelle vie et tente de lui apprendre à démystifier les codes typiquement québécois que personne ne lui apprendra, et ainsi, s’insérer dans cette nouvelle société. Il a parlé de cette nouvelle œuvre lors d’une conférence à la Tohu, notamment devant des élèves du secondaire du quartier Saint-Michel.

Mongo, le personnage principal, est en fait Dany Laferrière quand il est arrivé au Québec en 1976. Il raconte ce qu’il a observé et appris pendant 40 ans. On y retrouve environ 150 petites anecdotes qui peuvent sembler anodines, mais qui sont loin de l’être.

«C’est le moment»

D’entrée de jeu l’auteur a mentionné qu’il ressentait une urgence de publier ce livre étant donné le contexte dans lequel le Québec et la France se trouvent en ce qui a trait à l’immigration.

«La question de l’immigration est devenue un problème central, a expliqué Laferrière. Je me suis dit que c’est le moment d’introduire ma vision pratique des choses. On doit s’éloigner de l’idéologie et entrer dans un espace concret avec des réponses claires.»

«Comment vit-on ici? Que fait-on? Comment s’habille-t-on? Que faut-il faire ou ne pas faire pour ne pas créer un malaise chaque fois qu’on intervient dans la société? Il est temps à mon avis de passer à cette étape, car l’immigré ne peut pas savoir les règles d’une société qu’il ne connaît pas encore».

Il parle notamment de l’habitude qu’ont les Québécois à faire visiter leur maison au complet à un invité, de leur habitude de donner un cadeau de la même valeur que celui qu’ils ont reçu ou même de sa rupture avec une Québécoise parce qu’il n’abaissait pas le bol de toilette quand il allait au petit coin dans la nuit.

Inévitable et essentielle

C’est un guide pour les nouveaux arrivants, mais aussi pour les Québécois. Pour que l’un et l’autre comprennent leurs différences et les racines de celles-ci. Pour que l’immigré s’intègre et que le québécois comprenne à quel point l’immigration est essentielle, bénéfique.

«Bien sûr que je tente de faire comprendre au Québec (ce qu’il sait déjà) combien cette énergie nouvelle est nécessaire au développement de notre société, a mentionné l’auteur. De plus c’est une caractéristique de la modernité que de diversifier sa population. Notre avenir dépend aujourd’hui de notre capacité d’absorber des cultures nouvelles et différentes de la nôtre. De toute façon les gens vont arriver par vagues et c’est la réalité. Ce sont des vagues qu’il faudra transformer en énergie. La question n’est plus de l’ordre de la charité chrétienne.»

Une première

D’une certaine façon, tous les livres de l’auteur sont politiques parce qu’ils parlent de la vie quotidienne des gens et leur façon de vivre. Mais lui qui a toujours refusé de donner son opinion politique sur la société que ce soit d’Haïti ou du Québec, pour la première fois, Dany Laferrière se mouille.

«Ce dernier livre («Tout ce qu’on ne te dira pas, Mongo») est le premier où je parle de façon directe de la réalité sociale québécoise, a-t-il ajouté. Mais encore une fois pour ramener la question de l’immigration sur un terrain pratique, celui de l’immigré. Car généralement les intellectuels s’opposent entre eux sur cette question sans jamais s’intéresser à la vie quotidienne de l’immigré, ni même à sa vision des choses. En fait, il est l’homme-clé de cette histoire. Il est temps d’introduire l’immigré et son optique dans ce débat. Il faut suspendre un moment le débat pour simplement parler de petites choses de la vie quotidienne.»

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