Le Québec est en voie de devenir le principal fournisseur d'énergie à la Nouvelle-Angleterre. L'affaire rapportera des centaines de millions, prévoit le premier ministre Philippe Couillard.
Les États du Massachusetts, du Connecticut et du Rhode Island ont conjointement lancé jeudi un appel de propositions pour acheter de l'«énergie propre». Hydro-Québec s'apprête à présenter sa soumission. «Le fournisseur, d'après moi, sera Hydro-Québec», a déclaré vendredi Philippe Couillard au terme d'une mission économique de deux jours à Boston.
Les visées de nos voisins du sud sont devenues manifestes au terme d'un entretien de 45 minutes entre M. Couillard et le gouverneur du Massachusetts, Charles Baker, qui a réitéré l'intention ferme de l'État de s'approvisionner en hydroélectricité. Les six États de la Nouvelle-Angleterre devront prochainement renoncer à la production de milliers de mégawatts avec la fermeture de centrales nucléaires vieillissantes, a signalé M. Baker.
«C'est un enjeu régional. Nous avons besoin de réduire notre empreinte carbone, réduire les prix de l'électricité et diversifier notre portefeuille énergétique. L'hydroélectricité nous permettrait de faire les trois», a exposé Charles Baker.
La Nouvelle-Angleterre souhaite s'approvisionner en hydroélectricité d'ici 2020.
Un marché de 15 millions de personne s'offrira à Hydro-Québec via une ligne de transmission à construire, la Northern Pass Transmission. Hydro-Québec participera au financement de ce projet de plus de 1,6 milliard. «C'est à l'avantage d'Hydro-Québec (...) d'avoir une implication dans la transmission de l'énergie pour mieux garantir les coûts», a précisé M. Couillard.
«Notre pétrole à nous»
Environ 45% de l'électricité produite en Nouvelle-Angleterre provient d'usines au gaz naturel qui ont remplacé petit à petit les centrales au charbon. Deux hivers froids consécutifs ont fait bondir les prix de l'électricité de 40%. Le Québec peut fournir une énergie à meilleur coût, a plaidé Philippe Couillard. «Notre pétrole à nous c'est l'hydroélectricité. On est le 4e producteur au monde; à une époque où les gens cherchent des solutions basses en carbone, nous sommes au bon endroit au bon moment.»
Hydro-Québec vend déjà de son énergie à la Nouvelle-Angleterre sur le marché «spot». «Nous cherchons à conclure des contrats d'approvisionnement à long terme», a précisé Philippe Couillard.
Le Vermont fait l'envie de ses voisins américains avec son contrat d'approvisionnement en hydroélectricité signé en 2010 pour une période de 25 ans. «Leur relation avec Hydro-Québec leur a permis de diversifier leurs approvisionnements en énergie et de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre», a signalé Charles Baker.