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Carnage dans les rues de Paris

Au moins 153 personnes ont été tuées vendredi soir à Paris dans une série d'attaques terroristes sans précédent en France, dont un carnage dans une salle de spectacles aux cris de «Allah Akbar» et un attentat suicide au Stade de France.

Ces attentats ont aussi fait plus de 200 blessés dont 80 grièvement atteints, selon une source proche de l'enquête.

Les autorités ont évoqué au moins sept assaillants et indiqué qu'ils avaient peut-être encore des complices ou des co-auteurs dans la nature.

Quelque 1500 spectateurs étaient présents au Bataclan, célèbre salle de concerts proche du lieu où des jihadistes avaient déjà décimé la rédaction du magazine satirique Charlie Hebdo en janvier, lorsque les assaillants ont fait irruption.

«Deux ou trois individus non masqués sont entrés avec des armes automatiques de type Kalachnikov et ont commencé à tirer à l'aveugle sur la foule», a raconté un journaliste de la radio Europe 1, Julien Pearce, présent dans la salle.

«Ça a duré une dizaine, une quinzaine de minutes. Ça a été extrêmement violent et il y a eu un vent de panique, tout le monde a couru vers la scène, il y a eu des scènes de piétinement», a-t-il ajouté.

Les assaillants «ont tiré en plein dans la foule en criant "Allah Akbar"», a déclaré un témoin sur la radio France Info.

Ils ont aussi invoqué l'intervention militaire française en Syrie pour justifier leur action, selon un autre témoin.

«Je les ai clairement entendu dire aux otages "C'est la faute de (François) Hollande, c'est la faute de votre président, il n'a pas à intervenir en Syrie". Ils ont aussi parlé de l'Irak», a raconté ce témoin, Pierre Janaszak, à l'AFP.

La France participe depuis septembre 2014 à la coalition contre le groupe État islamique en Irak et a élargi ses frappes aériennes à la Syrie en septembre.

Au moins six attaques simultanées à l'arme automatique ou à l'explosif ont été menées dans des quartiers très prisés les soirs de week-end ainsi qu'au Stade de France, au nord de la capitale, où se déroulait un match amical de football France-Allemagne auquel assistait François Hollande.

Le bilan des attentats «pourrait atteindre voire dépasser les 120 morts», a annoncé le procureur de la République de Paris, François Molins. Au moins sept assaillants ont été tués.

Les quatre assaillants du Bataclan sont morts lors de l'assaut donné par les forces de l'ordre, dont trois en actionnant leurs ceintures d'explosifs. Près du Stade de France, un kamikaze a aussi trouvé la mort en se faisant exploser. Ces attentats suicide sont une première en France.

Près de 80 000 personnes assistaient au match dans le stade qui a accueilli la finale de la Coupe du Monde en 1998 et tiendra de nouveau la vedette lors de l'Euro 2016.

Le président François Hollande, qui assistait au match, a été immédiatement évacué et les entrées et sorties du stade bouclées. Le match s'est poursuivi jusqu'au bout, et le public a finalement été évacué dans un calme relatif.

Rue de la Fontaine au Roi, à proximité de la place de la République, la terrasse d'une pizzeria, La Casa Nostra, a été visée. Cinq personnes ont été abattues par plusieurs rafales d'arme automatique, selon un témoin.

Un autre témoin raconte qu'il «a vu une Ford Focus noire qui tirait, puis plusieurs douilles par terre».

Devant l'ampleur des événements, les autorités ont recommandé aux habitants de la capitale d'éviter de sortir, sauf nécessité absolue, et les hôpitaux de Paris ont déclenché leur plan d'urgence. Écoles et équipements municipaux, notamment sportifs, resteront fermés samedi.

Dans une allocution télévisée, le président a décrété l'état d'urgence sur tout le territoire et ordonné des renforts militaires de 1500 hommes à Paris, qui s'ajoutent aux 7000 soldats déjà déployés en permanence pour des missions de sécurité sur le territoire national depuis les attentats de janvier. «C'est une horreur», a-t-il dit, en déplorant «des attaques terroristes sans précédent».

Il a aussi mentionné le rétablissement immédiat des contrôles aux frontières - déjà décidé dans la perspective de la conférence de Paris sur le climat (COP21) - et non «la fermeture» comme annoncé dans un premier temps. La Belgique a aussi mis en place un tel contrôle.

M. Hollande, qui a annulé un déplacement dimanche en Turquie pour un sommet du G20, s'est immédiatement rendu au Bataclan où il a promis un «combat impitoyable» contre le terrorisme.

Un conseil des ministres exceptionnel s'est tenu au palais présidentiel de l'Elysée, et M. Hollande réunira un conseil de Défense samedi matin. Le parquet antiterroriste a été saisi.

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a aussitôt condamné des «attaques odieuses et abjectes» et appelé «les musulmans de France à prier pour que la France puisse faire face à cette terrible épreuve dans le calme et dans la dignité».

Les condamnations sont aussi venues rapidement du monde entier. Le président Barack Obama a promis que les États-Unis allaient aider la France à «traduire les terroristes en justice», le Kremlin a dénoncé des attaques «inhumaines», la chancelière allemande Angela Merkel s'est dite «profondément choquée» par ces attaques «à l'évidence terroristes» et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a assuré la France du soutien d'Israël.

Plusieurs partis et personnalités politiques de tous bords ont annoncé la suspension de leur campagne pour les élections régionales, prévues les 6 et 13 décembre.

Ces attaques surviennent dix mois après les attentats jihadistes de janvier contre l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, une policière et un supermarché casher à Paris, qui avaient fait 17 morts, et ont été suivis de plusieurs autres attaques ou tentatives.

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