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Les lieux emblématiques du tourisme touchés de plein fouet

Grands Magasins, Avenue Montaigne, Champs-Élysées: les lieux emblématiques où les touristes du monde entier viennent faire leur magasinage dans la capitale française étaient quasi déserts samedi, frappés de plein fouet par les attentats simultanés de la veille.

Ces attentats meurtriers (128 morts et 250 blessés) ont touché au cœur Paris, capitale du pays qui se situe au premier rang des destinations touristiques du monde, au moment où le gouvernement vient de fixer l'objectif ambitieux de 100 millions de touristes étrangers en 2020.

Samedi, les principaux musées, dont Versailles, et le Louvre, plusieurs lieux de spectacles comme l'Opéra, ainsi que le parc Eurodisney sont restés fermés. La tour Eiffel, monument qui incarne plus que tout autre la capitale française, restera fermée jusqu'à nouvel ordre.

Les Grands Magasins, eux, ont ouvert leurs portes avant que plusieurs d'entre eux décident finalement de fermer quelques heures plus tard.

Après avoir affiché leur «volonté de résistance», les Galeries Lafayette ont ainsi annoncé dans un communiqué qu'elles jetaient l'éponge devant les «difficultés à assurer une qualité de service optimale».

Devant ses vitrines de Noël déjà installées, personne ne s'arrête. Les automates s'agitent dans le vide sur une musique mi-féérique, mi-synthétique, et les stormtroopers du prochain épisode de Star Wars paraissent bien seuls, au garde-à-vous dans leurs armures blanches.

Sur le boulevard Haussmann où patrouillent des policiers par deux, arme à l'épaule, une femme passe en doudoune rouge, le portable à l'oreille: «Va pas dans les grands magasins quand même, on sait jamais, ça sert à rien de prendre le risque d'aller sur une cible», enjoint-elle à son interlocuteur.

Devant le Printemps, en début de matinée, seule l'entrée adjacente offrait un léger sentiment de foule avec un groupe de Chinois patientant, cornaqués par une acheteuse. Vendredi, «ils étaient à Berlin, dimanche ils seront à Rome, ils ne sont au courant de rien», affirme-t-elle.

«Pendant trois semaines après Charlie Hebdo, on n'a eu personne dans les rayons, les gens sont revenus ensuite pour les soldes, mais là ce sont les fêtes de fin d'année qui arrivent déjà», s'inquiète une vendeuse.

Le Starbucks du boulevard Haussmann résonne creux. Brian, l'un des serveurs, a compté trois clients, qui ne se sont pas attardés sur place, depuis l'ouverture une heure et demie plus tôt.

«C'est désert alors que d'habitude on a au moins 5 ou 6 personnes, souvent des touristes qui ne prennent pas leur petit déjeuner dans les hôtels du quartier de l'Opéra», explique-t-il.

Au même moment, des vendeuses du H&M fixent précipitamment des panonceaux sur la devanture: «pour la sécurité de nos équipes ainsi que celle de nos clients, nous serons exceptionnellement fermés aujourd'hui».

«C'est des trouillards, c'est tout», peste un client déçu en s'éloignant.

Deux couples d'amis belges venus en week-end se veulent fatalistes, alors qu'au moins deux Belges ont été tués dans les attaques de la veille.

«On vit avec la peur, mais on va pas s'arrêter de voyager, c'est ce que veulent les terroristes, que les gens restent chez eux», avance Jeanine, l'une des deux femmes.

Le premier ministre belge Charles Michel a demandé samedi à ses concitoyens d'éviter de se rendre à Paris «si ce n'est pas strictement nécessaire».

«Je voulais passer Noël avec ma femme à Paris, mais ce sera plutôt Londres en définitive», assure au contraire Ben, un homme d'affaires maltais, venu acheter un bijou à son épouse avant son vol retour prévu samedi.

Dans la très chic avenue Montaigne, à l'image de la plupart des enseignes, l'emblématique Gucci annonce par une affichette qu'elle est fermée. Sur les Champs-Élysées, les terrasses des cafés de «la plus belle avenue du monde» sont toutes vides, et les principales enseignes comme Zara sont fermées.

Le cinéma Gaumont Marignan, lui, a ouvert ses portes pour la poignée de cinéphiles lève-tôt. «On a demandé deux agents de sécurité qui ne sont pas encore là», dit une responsable du cinéma, les traits tirés, en inspectant elle-même les sacs. Mais les effectifs sont réduits, plusieurs employés ayant annoncé qu'ils ne viendraient pas, comme la loi le permet en cas de danger grave et imminent.

«Donc on va peut-être devoir fermer plus tard dans la journée, par mesure de sécurité», dit-elle. À la mi-journée, les principales chaînes de cinéma de la capitale ont annoncé la fermeture de leurs salles.

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