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Traque aux terroristes mortelle à Saint-Denis

Au moins deux personnes, dont une femme kamikaze, ont été tuées et sept suspects arrêtés mercredi au cours d'un vaste assaut policier en proche banlieue parisienne, ciblant le jihadiste belge Abdelhamid Abaaoud, organisateur présumé des attentats meurtriers de Paris.

Est-il mort? A-t-il été interpellé? Était-il seulement sur place ? Les vérifications étaient toujours en cours à la mi-journée.

Ex-petit délinquant ayant grandi à Bruxelles, parti combattre en Syrie en 2013, cet homme de 28 ans est devenu l'un des visages de la propagande de l'État islamique (EI) sous le nom d'Abou Omar al-Baljiki («le Belge»). Il s'était déjà illustré fin 2014 par un aller-retour en Europe à la barbe des services de renseignements, pour y préparer des attentats finalement déjoués.

Grâce à «la téléphonie», les «surveillances» et les «témoignages», les policiers disposaient d'éléments laissant penser qu'il était «susceptible de se trouver dans un appartement» de Saint-Denis, a expliqué le procureur de la République de Paris, François Molins.

L'intervention a débuté peu avant l'aube et s'est achevée en fin de matinée, en plein coeur historique de cette ville populaire à forte population immigrée de la périphérie nord de la capitale. Elle s'est déroulée à moins d'un kilomètre du Stade de France, visé par l'un des attentats du 13 novembre qui ont fait 129 morts et 352 blessés, et ont été revendiqués par l'EI.

Deux suspects retranchés sont morts: une femme qui a déclenché son gilet explosif -un acte sans précédent en France-, et un homme ayant été «atteint par des projectiles et des grenades».

Trois suspects ont été interpellés et aussitôt placés en garde à vue. Deux autres ont été arrêtés «alors qu'ils étaient en train de se cacher dans les gravats», a précisé le procureur. Et enfin deux personnes ont été interpellées à proximité, dont le logeur des suspects, qui a assuré à l'AFP, quelques instant avant d'être menotté, avoir voulu «rendre service».

Cagoulés et casqués, 110 policiers d'élite ont participé à l'assaut, dont six ont été légèrement blessés. Une chienne d'assaut de la police, Diesel, a été tuée.

Toute la matinée, des explosions et rafales d'armes automatiques ont retenti dans le centre historique de Saint-Denis, à deux pas de la basilique des rois de France, où l'armée a été déployée. «On se croirait en guerre», a témoigné Hayat, 26 ans.

En cinq jours d'enquête, les policiers sont parvenus à remonter la piste des assaillants et établir le scénario des attaques, «des actes de guerre planifiés en Syrie, organisés en Belgique et perpétrés en France avec des complicités françaises», selon le président François Hollande.

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Trois équipes coordonnées composées de neuf hommes au total: trois kamikazes aux abords du Stade de France, trois autres dans la salle de spectacles du Bataclan et trois assaillants pour les terrasses de bars et restaurants.

Quatre des kamikazes sont Français, dont au moins trois ont combattu en Syrie. Les autres restent à identifier, dont un homme passé par la Grèce cet automne et auprès du cadavre duquel on a retrouvé un passeport syrien à l'authenticité douteuse.

L'un des membres du commando «des terrasses», Salah Abdeslam, 26 ans est toujours en fuite et activement recherché, notamment en Belgique. Le dernier assaillant pourrait lui aussi être en cavale.

Deux complices présumés ont été arrêtés samedi dans le quartier de Molenbeek à Bruxelles, plaque tournante du jihadisme en Europe, et sont soupçonnés d'avoir exfiltré Salah Abdeslam vers la Belgique après les tueries.

Un autre jihadiste français est dans le viseur des enquêteurs: Fabien Clain, vétéran du jihadisme, qui a revendiqué les attaques parisiennes au nom de l'EI dans un enregistrement sonore.

Après le traumatisme, les autorités françaises ont organisé en quelques jours la riposte, qu'elles ont promis «impitoyable».

Qui est Abdelhamid Abaaoud

Le porte-avions Charles de Gaulle, fleuron de la Marine française, a appareillé dans la journée pour la Méditerranée orientale, afin de muscler les frappes en Syrie contre l'EI, alors que Paris tente de coordonner son action avec Washington et Moscou.

Mardi soir, des bombardements français ont à nouveau bombardé Raqa, fief syrien de l'organisation jihadiste, pour le troisième jour consécutif. Raqa a été aussi mardi la cible de frappes russes. Les bombardements des deux pays au cours des dernières 72 heures dans le nord de la Syrie ont causé la mort de 33 jihadistes de l'EI, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.

Dans la lutte contre l'EI, Paris veut bâtir une coalition unique avec les États-Unis et la Russie, fidèle alliée du régime de Bachar al-Assad que les Occidentaux ont longtemps considéré comme le premier responsable du chaos syrien et de la montée en puissance des jihadistes.

François Hollande rencontrera Barack Obama mardi prochain et Vladimir Poutine jeudi.

En France, le Conseil des ministres a décidé de la prolongation de l'état d'urgence pour trois mois, qui sera examinée en fin de semaine au parlement.

«Nous sommes dans la guerre contre un terrorisme qui lui même a décidé de nous mener la guerre», a martelé mercredi le président Hollande, en appelant ses concitoyens à ne pas céder «à la peur», «à la stigmatisation» ou à «la surenchère».

«Il n'y a plus de clivages partisans qui tiennent», a-t-il encore dit. Ce qui n'a pas empêché le chef de l'opposition de droite et ancien président Nicolas Sarkozy de mettre en cause le gouvernement socialiste, en déplorant «trop de temps perdu» depuis les attentats de janvier contre Charlie Hebdo.

 

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