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La France veut «détruire» l'État islamique

 - Agence France Presse

Nouveaux raids aériens en Syrie, une centaine de perquisitions dans la nuit en France: la riposte promise par les autorités françaises aux sanglants attentats de Paris se poursuivait mardi pour «détruire» l'État islamique (EI).

L'aviation française a de nouveau bombardé dans la nuit le fief de l'EI à Raqa, dans le nord de la Syrie, détruisant un «centre de commandement» et un «centre d'entraînement», a annoncé mardi matin le ministère français de la Défense.

Une dizaine d'avions de chasse -Rafale et Mirage 2000- ont participé à ce raid au cours duquel 16 bombes ont été larguées, et dont on ignore le bilan exact -comme la plupart des frappes sur les territoires de l'EI.

La France avait déjà bombardé Raqa dimanche, dans un format de mission comparable. Elle poursuivra «ces frappes au cours des semaines à venir», a prévenu le président français François Hollande, qui a promis de «détruire» l'organisation jihadiste et son «terrorisme de guerre».

Le prochain déploiement du porte-avion français Charles-de-Gaulle, qui appareillera jeudi, devrait «tripler les capacités d'action» militaires de l'armée française. Le porte-avion, avec 26 chasseurs à bord, devait se rendre dans le Golfe persique, mais sera finalement déployé en Méditerranée orientale, au large de la Syrie et au plus proche du théâtre du conflit.

Dans un discours au fort accent martial lundi devant le parlement, le chef de l'État français a souhaité «unir» l'action des forces françaises avec celles de la Russie et des États-Unis contre l'EI.

La Syrie devait être au coeur des entretiens mardi matin entre François Hollande et le secrétaire d'État américain John Kerry, arrivé la veille à Paris, alors que les deux pays ont renforcé leur coopération militaire, notamment en termes d'échanges de renseignements pour les dernières frappes françaises à Raqa.

Devant une ambassade des États-Unis illuminée aux couleurs de la France lundi soir, le secrétaire d'État a exprimé la «détermination» des deux alliés à «combattre et vaincre ensemble les monstres psychopathes» de Daech (acronyme de l'EI en arabe).

Le président Hollande se rendra la semaine prochaine à Washington et Moscou pour rencontrer Barack Obama et Vladimir Poutine, et tenter de parvenir à une coalition unique contre l'EI.

Sur le front intérieur, les forces de l'ordre ont procédé à «128 perquisitions» sur le territoire français dans la nuit de lundi à mardi dans le cadre de l'état d'urgence décrété après les attentats, selon le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.

La nuit précédente, une vaste opération similaire avait conduit à 168 perquisitions administratives, donnant lieu à 23 interpellations et à la saisie de 31 armes.

À ce jour, l'enquête sur les tueries, qui ont fait vendredi 129 morts et 352 blessés près du Stade de France, dans la salle de concert du Bataclan et dans plusieurs bars et restaurants de la capitale, a permis l'identification de cinq des sept kamikazes.
Mais la traque d'un suspect-clé, possible huitième auteur des attentats, se poursuit, ainsi que l'identification des cadavres déchiquetés des deux derniers kamikazes.

«Au moment où nous parlons, nous ne savons pas s'il y a des complices en Belgique et en France qui ont été associés à cette tuerie. Nous n'avons pas encore la vision du nombre de personnes impliquées dans les attentats», a reconnu mardi le Premier ministre Manuel Valls, au micro de la radio France Inter.

Les actes de guerre de vendredi ont été décidés et planifiés en Syrie, préparés et organisés en Belgique, perpétrés sur notre sol avec des complicités françaises", selon le président Hollande.
Quatre des kamikaze jusqu'à présent identifiés sont Français: Samy Amimour (28 ans), Omar Ismaïl Mostefaï (29 ans), Bilal Hadfi (20 ans) et Brahim Abdeslam (31 ans).

Le cinquième était muni d'un passeport syrien dont l'authenticité «reste à vérifier», au nom d'Ahmad Al Mohammad, 25 ans, un migrant dont les empreintes concordent avec «celles relevées lors d'un contrôle en Grèce en octobre», selon la justice française.

Interrogé mardi matin sur une radio, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a écarté toute défaillance des services de renseignements.

Au moins trois des kamikazes français sont allés combattre en Syrie au cours des deux dernières années, notamment Amimour, que son père a vainement tenté de ramener de là-bas.

Les enquêteurs ont aussi dans leur viseur un jihadiste belge qui vivrait en Syrie, Abdelhamid Abaaoud, dont ils n'excluent pas qu'il soit «l'inspirateur» des attaques. Cet homme de 28 ans, un ancien petit délinquant, est apparu à visage découvert à plusieurs reprises ces derniers mois dans la propagande de l'EI, notamment dans une vidéo où il conduit, tout sourire, un 4X4 trainant des cadavres.

En Belgique, l'enquête s'est également accélérée, avec l'inculpation de deux suspects. Mais une vaste opération policière dans le quartier populaire bruxellois de Molenbeek -en passe de devenir le nouveau «Londonistan»-, n'a pas permis d'appréhender un suspect-clé des attaques, Salah Abdeslam, 26 ans, visé par un mandat d'arrêt international, et dont le portrait a été placardé par tous les médias.

Selon les enquêteurs, Salah a côtoyé Abdelhamid Abaaoud, qui est aussi soupçonné d'être le commanditaire d'attentats projetés en Belgique par une cellule jihadiste, attentats pour lesquels il aurait fait un aller-retour en Europe depuis la Syrie, se jouant des services de sécurité.

Lundi devant le Congrès, le président français a annoncé 5000 emplois supplémentaires dans la police et la gendarmerie, 2500 dans la justice et 1000 dans les douanes, et la suspension des réductions d'effectifs dans les armées.

Parmi tout un volet de mesures sécuritaires, dont certaines pourraient crisper au sein de sa majorité socialiste, François Hollande a promis une prochaine révision de la Constitution pour «pouvoir agir contre le terrorisme de guerre» et qui permette de «gérer l'état de crise».

Mardi soir à Londres, l'équipe de France de football affrontera l'Angleterre au stade de Wembley pour une rencontre amicale, où le public devrait rendre un vibrant hommage aux victimes des attentats. La presse d'Outre-Manche a même invité les spectateurs londoniens à apprendre les paroles de la Marseillaise et à l'entonner avant et pendant la rencontre.

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