Le cerveau présumé des attentats de Paris, Abdelhamid Abaaoud, dont la présence en France avait été signalée, aurait été tué lors de l'opération à Saint-Denis, selon le Washington Post.
Toutefois, le procureur de Paris François Molins n'a pas confirmé cette information mais a seulement dit que le jihadiste n'avait pas été placé en garde à vue, mercredi, lors d'un point de presse.

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Le sort du cerveau présumé des attentats de Paris reste donc incertain, car les suspects tués dans cette opération n'ont pas encore été identifiés.
«Une nouvelle équipe de terroristes a été neutralisée et tout laisse à penser (...) que ce commando pouvait passer à l'acte», a déclaré à la presse le procureur de Paris, François Molins, en charge de l'enquête.
L'assaut
Bien avant l'aube, une centaine de policiers d'élite ont lancé un raid contre un appartement situé à Saint-Denis, au nord de Paris, suite à un témoignage lundi «faisant état de la présence d'Abaaoud sur le territoire français», a précisé le procureur.
Petit délinquant bruxellois, cet homme de 28 ans est parti en 2013 en Syrie, où il est devenu l'un des visages de la propagande de l'État islamique (EI) sous le nom d'Abou Omar al-Baljiki («le Belge»). Il s'était illustré fin 2014 par un aller-retour en Europe à la barbe des services de renseignement, pour y préparer des attentats finalement déjoués.
À Saint-Denis, les forces antiterroristes ont essuyé des tirs nourris. À un moment, une femme dans l'immeuble s'est tuée en déclenchant une ceinture explosive - c'est la première fois qu'une femme kamikaze se tue en France.
L'opération, qui a duré sept heures et a paralysé le quartier, s'est déroulée à moins d'un kilomètre du Stade de France, l'une des cibles des attaques revendiquées par l'EI et qui ont fait 129 morts et 352 blessés vendredi soir.
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Au moins deux suspects retranchés sont morts lors de ce raid: la femme kamikaze et un homme, dont le corps «criblé d'impact a été découvert dans les décombres de l'immeuble», selon François Molins.
L'immeuble menaçant de s'effondrer, le travail des enquêteurs a été plus ardu, a-t-il souligné. En conséquence, «je ne suis pas en mesure de communiquer le nombre définitif ni les identités des personnes décédées».
Seule certitude, selon le procureur: ni Abaaoud ni Salah Abdelslam, l'un des auteurs des attentats en cavale, ne figurent parmi les huit personnes interpellées lors de l'assaut.
En cinq jours d'enquête, les policiers sont parvenus à établir le scénario des attaques.
Trois équipes coordonnées
Trois équipes coordonnées composées de neuf hommes au total: trois kamikazes aux abords du Stade de France, trois dans la salle de spectacles du Bataclan, dans l'est de Paris, et trois assaillants pour les terrasses de bars et restaurants du même quartier.
Juste avant l'assaut sur le Bataclan, l'un d'eux a envoyé un texto disant «on est parti, on commence», à partir d'un téléphone portable retrouvé dans une poubelle, a révélé mercredi le procureur.

Sur les sept kamikazes, quatre ont été identifiés: il s'agit de Français, dont au moins trois ont combattu en Syrie. Il reste notamment à mettre un nom sur un homme passé par la Grèce cet automne et auprès duquel a été retrouvé un passeport syrien à l'authenticité douteuse.
Deux assaillants manquent toujours à l'appel. À commencer par Salah Abdeslam, frère d'un des kamikazes, Brahim Abdeslam. Ce délinquant de 26 ans est activement recherché, notamment en Belgique.
Le dernier assaillant pourrait lui aussi être en cavale. À moins qu'il ne s'agisse d'un des deux hommes arrêtés à Bruxelles et soupçonnés d'avoir exfiltré Salah Abdeslam vers la Belgique après les tueries.
Deux autres jihadistes français sont dans le viseur des enquêteurs: Fabien Clain, 37 ans, et son frère Jean-Michel Clain, dont les voix figurent sur l'enregistrement sonore de revendication des attentats au nom du groupe État islamique.
Nouvelles frappes
Le porte-avions français Charles de Gaulle a appareillé pour la Méditerranée orientale, où il devrait arriver en fin de semaine. Il devrait muscler les frappes en Syrie contre l'EI, alors que Paris cherche à coordonner son action avec Washington et Moscou.
Mardi soir, des bombardements français ont à nouveau bombardé Raqa, fief syrien de l'organisation jihadiste, pour le troisième jour consécutif. Raqa a été aussi mardi la cible de frappes russes. Les bombardements des deux pays au cours des dernières 72 heures ont causé la mort de 33 jihadistes de l'EI, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.
Après les Français et les Américains, les Russes ont annoncé qu'ils allaient frapper des cibles liées au pétrole, principale ressource financière de l'EI, en l'occurrence des camions-citernes.
En France, le gouvernement a présenté un projet de loi pour prolonger de trois mois l'état d'urgence et le muscler. Ce dispositif exceptionnel a permis de multiplier les opérations de police dans les milieux islamistes. En trois jours, plus de 400 perquisitions ont été menées, 118 personnes assignées à résidence et 60 placées en garde à vue.
Le président socialiste François Hollande, qui a adopté une posture martiale depuis ce week-end, a appelé ses concitoyens à ne pas céder «à la peur».
Son principal opposant, l'ex-président de droite Nicolas Sarkozy, a mis en cause le gouvernement socialiste, en déplorant «trop de temps perdu» depuis les attentats de janvier, qui avaient fait 17 morts.
En Belgique aussi, les possibles «failles» des services de sécurité font l'objet d'une polémique. Le parquet fédéral a révélé mercredi que la police belge avait interrogé avant les attentats les deux frères Abdeslam, mais qu'ils «ne montraient pas de signe d'une possible menace».