Alors que la vie commence à reprendre son cours à Paris, c'est encore difficile pour les survivants de mesurer l'impact de tout ce qui s'est passé le soir du 13 novembre.
Un autre survivant commence à comprendre toute sa chance d'être encore en vie et a livré un témoignage poignant de l'horreur à l'intérieur de la salle de spectacles. Notre envoyé spécial Félix Séguin est allé à sa rencontre.
«On était heureux, le groupe était heureux sur scène. On était tous en communion ensemble, à passer un bon moment. Juste avant qu'il y ait les assaillants qui arrivent, bizarrement, j'ai pris une photo. Juste avant, à 21h40, j'ai pris une photo du groupe. J'ai regardé l'heure, et c'est arrivé une ou deux minutes après. Tout le monde a compris qu'il y avait un problème. Moi, je n’avais pas bien saisi que c'était une attaque, bien sûr», raconte-t-il.
«J'étais couché, enfin, j'étais recroquevillé en position un peu foetale. Il y avait une jeune femme qui était collée contre moi, qui était sur ma jambe gauche et qui me protégeait le coeur. Comme je me disais, je suis protégé de ce côté-là. Elle, elle s'est pris un tir. Je ne sais pas si elle est vivante encore au moment ou je parle. On était des cibles! On était complètement déshumanisé. On était des cibles», de dire Samuel.
«Des gens qui pleuraient, qui criaient, d'autres qui disaient "chut!" pour que... pour que les tireurs n’aillent pas dans notre direction. Et des tas de téléphones qui sonnaient. Des gens m'ont dit qu'ils voyaient des "cells", qu'ils tiraient là où les téléphones sonnaient. Fort heureusement, moi, je l'avais mis en vibreur»,
Arrivé chez lui, il ne s'était pas rendu compte que ses souliers étaient imbibés de sang.
«J'ai poussé le corps qui était près de moi. Le type à côté de moi s'est relevé aussi. Et puis, j'ai vu tous ces corps et ce sang et... c'était... Vous voyez, c'était comme ça. C'était du parquet. C'était rouge, rouge sang, le sol. Et j'ai enjambé les corps. J'espère que je n'ai marché sur personne. Ensuite, sortir par le petit vestibule, j'ai revu d'autres corps, les agents de sécurité qui étaient allongés. J'ai réalisé deux jours après, j'ai réalisé que j'étais un survivant. L'homme peut toujours se dépasser en matière d'horreur», conclut Samuel.
S'il y a une chose que les terroristes n'ont pas réussi à tuer, c'est bien la musique. Samuel propose que les rescapés se réunissent maintenant pour un concert de rock.