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Quatre corps alignés devant le Café Bonne Bière

Une vidéo de 3 minutes, obtenue par l'AFP auprès d'un témoin riverain, montre quatre corps alignés devant le Café Bonne Bière à Paris, quelques secondes à peine après le passage des tueurs jihadistes vendredi soir, exposés au regard tétanisé, impuissant, ou apparemment indifférent des passants.

La scène, un plan séquence, est tournée devant l'une des terrasses de bistrots visées par les attentats du 13 novembre dans l'est de Paris - avec le Stade de France au nord de la capitale et la salle de concert du Bataclan - qui ont fait 129 morts et 352 blessés, et qui ont été revendiqués par le groupe État islamique (EI).

Dans un étrange silence entrecoupé d'interjections du vidéaste, le film montre une apparente absence de panique. Certains passants sont interloqués, d'autres photographient les victimes à terre. Personne n'intervient vraiment.

À l'exception d'un homme qui reste de bout en bout agenouillé près d'une des victimes, les trois autres sont laissées inertes, sans soins, entre les tables et les chaises de la terrasse du café.

Une femme et sa fille qui passent en scooter affichent leur sidération devant cette scène de guerre en plein Paris.

Sur la bande-son, on entend des «c'est pas possible?», «c'est un carnage». Une cinquième victime, effondrée au sol devant une laverie voisine du café, apparaît aussi brièvement à l'image, entourée de passants impuissants et nerveux.

Au bout d'une minute quinze, un policier en civil arrive à pied, et commence à repousser les curieux.

Aucune des victimes allongées n'est identifiable. Une d'entre elles esquisse un mouvement, puis s'affaisse. «On ne sait pas si les gens sont morts», a dit à l'AFP l'auteur des images, «choqué» par cette «scène de guerre» dans le quartier parisien où il a grandi.

La séquence a été tournée «vingt secondes» après le départ en voiture des tueurs, selon cet ancien photographe, qui tient une galerie tout près du café. Après «quarante secondes» de tirs «interminables», il avait eu le réflexe de prendre avec lui son appareil photo pour aller voir ce qui se passait.

«Je pensais que c'était un règlement de compte, mais il y avait des morts partout» (...) «c'était beaucoup trop de monde pour un règlement de comptes», raconte-t-il, en affirmant avoir vu au même moment un autre homme mort dans une voiture qui passait sur la rue du Faubourg-du-Temple. Celui-ci n'apparaît pas à l'image.

«C'était atroce. Il y a longtemps que je ne fais plus de photos journalistiques, j'ai laissé mon appareil en bandoulière. J'étais en panique en fait», dit-il pour expliquer les images un peu chahutées.

«On voyait passer les voitures de police et les ambulances, mais elles ne s'arrêtaient pas, alors qu'on leur faisait des signes», ajoute-t-il. «Ils allaient directement au Carillon» (un autre bar attaqué quasiment au même moment, NDLR).

Selon le vidéaste, les secours ont fini par arriver «quatre ou cinq minutes après» ces images.

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