La crise des réfugiés syriens est un «moment décisif» pour le Canada qui mettra à l'épreuve ses valeurs de diversité et d'inclusion, soutient le gouverneur général David Johnston.
«Elle nous pousse à soulever les questions suivantes: de quoi sommes-nous faits? (...) Que vénérons-nous par-dessus tout?» a déclaré le gouverneur général, qui organisait un forum sur l'accueil des réfugiés syriens à Rideau Hall mardi.
«Le moment est à nouveau venu de répondre à ces questions. D’évaluer l’ampleur de notre engagement envers la diversité, l’inclusion et la tolérance», a-t-il poursuivi.
Présent lors de cette rencontre, le ministre fédéral de la Citoyenneté, John McCallum, a indiqué que son plus grand défi est de bien communiquer le message aux Canadiens pour qu'ils appuient le projet.
Opposition
Il a aussi dit craindre une possible opposition de l’opinion publique qui pourrait croire que les réfugiés syriens seront avantagés, notamment en matière de logement, par rapport aux moins nantis au pays.
«Pour le logement social, il y a des Canadiens qui ont attendu déjà un ou deux ans. On ne veut pas mettre les réfugiés avant les autres Canadiens», a-t-il assuré.
Son homologue du Québec, la ministre Kathleen Weil, a pour sa part fait valoir que le «vivre ensemble et l'emploi» sont les plus grands enjeux au Québec. Elle a indiqué que les attentats de Paris avaient eu un impact sur l'opinion publique, mais qu'il y avait maintenant une ouverture pour l'accueil des réfugiés.
En matière de logement social, la ministre Weil semblait moins inquiète que M. McCallum. «Ça n’a pas été soulevé. Pour l’instant, on installe les gens dans les 13 villes. On détermine les villes selon leur capacité. (...) Peut-être qu’à Montréal il y a un enjeu, mais on verra», a-t-elle précisé.
À Québec
Le maire de Québec Régis Labeaume, qui participait également au forum, a pour sa part fait valoir que dans sa ville les réfugiés syriens ne seraient pas installés dans des logements sociaux, mais plutôt au privé, pour éviter de semer la zizanie dans la population.
«C'est une question d'intégration aussi. Je pense qu'il faut qu'ils apprennent à vivre comme tout le monde. Et en même temps, il va y avoir moins de personnes qui vont chialer et qui vont avoir l'impression qu'ils prennent leur place. C'est une question d'équilibre et d'équité», a-t-il soutenu.
«Je trouve ça drôle qu'on pense que les réfugiés sont privilégiés avec tout ce qu'ils ont traversé dans les derniers mois. Je trouve ça bête. Bête à manger du foin. Mais au niveau des perceptions, on procède comme ça à Québec dans les logements privés, parce qu'on est capable», a-t-il poursuivi.
Le maire de Québec a ajouté que sa ville était fine prête à accueillir les réfugiés.