L’Ordre des opticiens a constaté de nombreuses infractions dans plusieurs cliniques d’optométrie de la région de Montréal et craint pour la sécurité des Québécois.
«Tout ça est une question de sous. Les optométristes veulent faire plus d’argent. Ils demandent à des assistantes moins payées de faire des actes médicaux sans supervision», a déploré Linda Samson, présidente de l’ordre, en entrevue avec «Le Journal de Québec».
L’enquête, réalisée par le syndic de l’OODQ en mai 2015, démontre que des employés ont ajusté des lentilles sans supervision d’un professionnel et en contravention avec le «règlement sur les actes qui peuvent être posés par un assistant optométrique».
Ce règlement controversé a été adopté en début d’année. Il permet de contourner l’exclusivité médicale des opticiens.
Dans le monde de la santé visuelle, les optométristes font les prescriptions et les opticiens les exécutent. Ce n’est plus le cas maintenant. Les assistants peuvent désormais faire ce travail, mais sous la supervision directe d’un optométriste. Or l’examen de l’OODQ atteste qu’aucun spécialiste n’était sur place lorsqu’un assistant donnait des soins.
De l’avis de Mme Samson, ça démontre que le règlement n’est pas appliqué à la «grandeur du Québec» et que cela met en danger la santé des patients. «Des yeux, on en a juste deux, c’est précieux. On ne peut pas laisser quelqu’un qui a 72 heures de formation s’occuper de ça», a-t-elle dit. Une mauvaise correction de la vue peut avoir des «conséquences dramatiques». Des «personnes âgées peuvent tomber», des gens peuvent avoir «des accidents d’autos» et «accidents de travail».
Cette dernière a communiqué avec l’office des professions et la ministre de la Justice Stéphanie Vallée. Elle déplore maintenant leur inaction. Lorsqu’elle a rencontré Mme Vallée dans un cadre informel et lui a fait part de ses doléances, la politicienne lui a «tourné le dos». «Je lui ai dit: votre règlement est inapplicable. Elle m’a répondu : ce sont vos prétentions», a raconté Mme Samson.
Du côté de l’Office des professions, qui a «pour fonction de veiller à ce que chaque ordre professionnel assure la protection du public», on jette la responsabilité dans la cour des optométristes. On rappelle qu’il «existe des mécanismes disciplinaires» pour punir les contrevenants et qu’il est de leur devoir d’intervenir.