Le pétrole a encore nettement baissé mardi à New York, dans un marché déprimé par l'absence d'avancée sur le front d'une concertation internationale pour faire baisser la production et la perspective de stocks en hausse aux États-Unis.
Le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en mars a perdu 1,74 $ à 29,88 $ sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), retombant en clôture sous le seuil des 30 $ pour la première fois depuis le 21 janvier.
«Des stocks (de brut) en hausse sur fond d'action coordonnée improbable pour faire baisser la production, cela fait que les cours sont débordés par cette orientation baissière», a commenté Matt Smith chez ClipperData.
Chez Citi, Tim Evans a précisé que «des discussions entre le ministre vénézuélien du Pétrole Eulogio del Pino et des responsables russes du pétrole n'ont débouché sur aucune mesure claire pour réduire la production afin de soutenir les prix (...) Il n'y a pas eu d'ouverture claire qui puisse aider à convaincre l'Arabie Saoudite de changer sa prévisions».
M. del Pino, dont le pays est membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), doit également se rendre au Qatar, en Iran, et en Arabie saoudite.
La semaine dernière les cours s'étaient repris à la faveur de spéculations sur la possibilité d'un accord entre la Russie et l'OPEP, dont l'Arabie Saoudite est le chef de file, pour imposer une baisse de la production qui permettrait de réduire les excédents d'offre.
Par ailleurs, le marché guette la publication mercredi des statistiques hebdomadaires du ministère américain de l'Energie (DoE) sur les réserves de brut et de produits pétroliers, ainsi que la production nationale et l'activité des raffineries.
Une première estimation des stocks américains devait être publiée en fin de journée par l'association professionnelle API.
Plus généralement, le marché s'inquiète des perspectives de la demande mondiale de pétrole.
«Le secteur manufacturier des deux plus grands pays consommateurs de pétrole (NDLR: la Chine et les Etats-Unis) est en récession, ce qui ranime les peurs sur la demande à venir», ont noté les experts de Commerzbank.
«Je ne pense pas qu'on ait encore atteint (un) niveau plancher en termes de cours, une baisse plus importante est probable au fur et à mesure que l'activité (économique) va ralentir dans les mois à venir. La publication d'indicateurs concernant l'activité des services des deux côtés de l'Atlantique (mercredi) devrait accentuer la tendance baissière», prédisait Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque.
L'Institut français du pétrole Energies nouvelles (IFP EN) a à l'inverse estimé mardi que le prix du pétrole ne peut durablement se maintenir autour de 30 $ le baril, car la baisse des investissements dans l'exploration et la production pétrolières entraînera un rebond.