Mieux développer le transport en commun permettrait de créer des emplois tout en diminuant la dépendance à l’égard des industries étrangères de l’automobile et tout en améliorant le bilan environnemental du Québec, avance l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) dans un rapport publié mardi.
L’IRIS estime que le Québec ne pourra remplir les promesses de l’Accord de Paris sur le climat sans s’attaquer au transport. Il rejoint en ce sens l’Alliance pour une économie verte au Québec, qui compte notamment à sa tête Yves-Thomas Dorval du Conseil du patronat du Québec, qui en venait à la même conclusion la semaine dernière.
«Si le gouvernement du Québec cherche sérieusement à relancer son économie et à atteindre les objectifs adoptés à la COP21, il devrait réinvestir massivement dans le transport en commun», a conclu l’IRIS, qui chiffre l’investissement nécessaire à 9 milliards $ supplémentaires.
Plutôt que d’y voir une dépense, l’IRIS assure que cet engagement se traduirait par des progrès économiques, la création de 40 000 nouveaux emplois, moins d’émissions de gaz à effet de serre, mais également une pression amoindrie sur les dépenses des ménages.
«En effet, 13,4 % des dépenses des ménages québécois sont liées aux déplacements en automobile. C’était le deuxième plus important poste de dépenses pour nos ménages en 2013», mentionne le rapport.
Le potentiel d’une «politique industrielle passant par l’amélioration et le développement du transport en commun» devrait aussi tenir compte de la réalité et des besoins des Québécois, non seulement à Montréal, mais dans les régions. L’IRIS considère que le plan d’infrastructures actuel est «antidaté» et «manque d’une vision d’ensemble».
«Certains projets qu’on prévoit réaliser dans les prochaines années ont en fait été annoncés au début des années 2000, il y a plus de 15 ans! Si on décidait d’investir sur 10 ans 9 milliards $ supplémentaires, on arriverait à créer 40 000 emplois; le PIB hausserait de 4,14 milliards $ et il y aurait un effet positif sur la balance commerciale de 29 milliards $ », a calculé Bertrand Schepper, auteur de la note et chercheur à l’IRIS.
Selon le rapport, la solution du transport en commun s’impose devant celle de doter le Québec d’une large flotte de véhicules électriques. Ce type de voiture, bien qu’améliorant la situation à court terme, fonctionne avec des piles au lithium, une matière non renouvelable et polluante. La batterie d’une voiture électrique équivaut au lithium nécessaire à la fabrication de 10 000 téléphones cellulaires, selon l’IRIS, qui considère que l’exploitation du lithium engendrerait des désastres environnementaux, semblables à ceux de l’industrie minière et par des entreprises qui en contrôleraient l’exploitation.
«Bref, on retournerait dans la même dynamique qu’avec le pétrole: une dépendance face à un oligopole international qui se soucie peu des impacts de son exploitation sur l’environnement et les communautés », a analysé M. Schepper, prônant le développement d’une flotte collective, plutôt qu’un déploiement individuel et exponentiel du nombre de véhicules.