Plus de la moitié des Canadiens n'auraient pas les moyens financiers de faire face à une grave maladie.
Une étude réalisée par une importante compagnie d'assurances révèle que huit millions de personnes risquent de s'endetter ou, pire encore, de tout perdre si elles tombent gravement malades.
C’est le genre d’épreuve qu’a eu à traverser Marie-Hélène Dubé.
Les dernières années n'ont pas été de tout repos pour cette mère monoparentale.
«J'ai été atteinte d'un cancer de la thyroïde, qui s'est étendu aux ganglions à trois reprises, dans le fond, entre 2003 et 2008. J'ai dû arrêter de travailler complètement à cause de mon état de santé, et aussi parce que j'ai perdu mon emploi les trois fois.»
La criminologue a dû s'endetter pour combattre la maladie. «J'ai dû réhypothéquer ma maison à trois reprises.»
Cas semblable
Josianne Monette a vécu sensiblement la même chose il y a deux ans.
«J'ai eu le cancer du sein, puis le cancer du col de l'utérus. Je me retrouve pauvre et sans argent à cause que j'ai eu le courage de combattre deux cancers. C'est complètement inhumain. Il me reste trois mois devant moi, de sous d'accumulés. Après ça, j'ai rien», déplore cette mère de famille de 39 ans.
En cas de cancer ou de maladie grave, les personnes peuvent recevoir des prestations de maladie versées par l'assurance-emploi durant 15 semaines. C'est ce qu’a touché Josiane Monette.
«Pour un petit cancer, minimum, les traitements, c'est 12 mois. Après qu'on a fini ça, on n'est pas en santé, là.»
Les deux femmes ont décidé de se battre pour que le gouvernement fédéral verse au moins un an de prestations aux patients qui en auront besoin.
Pétition de 500 000 noms
Marie-Hélène Dubé a commencé à faire signer une pétition en 2009.
«On a 500 000 signatures qui ont été déposées. Donc, c'est la plus grosse pétition au Canada. C'est énorme. Si on enlève les États-Unis, évidemment, tous les autres pays du G8 donnent entre un an et trois ans de prestations à ses citoyens malades. On est les seuls qui donnent 15 semaines.»
En moins de 15 ans, le nombre de cancers a augmenté de 55% au Québec. Une personne sur deux sera atteinte. Une étude publiée en 2013 par la Coalition Priorité Cancer démontre que le cancer coûte 4,2 milliards de dollars par année, soit 33 000$ par patient. Marie-Hélène Dubé a recommencé à travailler à temps partiel. Josianne Monette le fera bientôt. Mais sans argent, plusieurs sont abandonnés à eux-mêmes.
Marie-Hélène Dubé a reçu de nombreux témoignages bouleversants. «Plusieurs personnes m'ont écrit pour me dire: 'Ma fille s'est suicidée mon garçon s'est suicidé. Ils étaient endettés. Ils s'en sortaient pas.»
-D’après un reportage d’Harold Gagné