Critiqué pour la façon dont il a géré les fugues répétées de jeunes filles à Laval, le gouvernement Couillard s’est engagé mardi à revoir l’encadrement des adolescents hébergés dans des centres jeunesse.
La ministre déléguée à la Protection de la jeunesse, Lucie Charlebois, a annoncé la nomination d’un vérificateur au Centre jeunesse de Laval. Il aura pour mandat de s’assurer que toutes les procédures d’encadrement et de prévention des fugues ont été respectées par la direction l’établissement.
«Il me fera un rapport, et, à partir de ce rapport-là, nous poserons des gestes», a déclaré Mme Charlebois lors d’un point de presse conjoint avec son collègue de la Sécurité publique, Martin Coiteux.
Cinq adolescentes se sont enfuies du Centre jeunesse de Laval au cours des dernières semaines. Quatre d’entre elles ont été retrouvées saines et sauves après qu'on eut craint qu'elles soient tombées sous l'emprise de proxénètes.
Lucie Charlebois a également convoqué les directeurs de protection de la jeunesse ainsi que les dirigeants des centres intégrés de santé et des services sociaux (CISSS et CIUSSS) afin de déterminer quels sont les meilleurs moyens de prévenir les fugues.
La ministre n’écarte aucune option, y compris le resserrement des conditions d’hébergement dans les centres jeunesse.
Le gouvernement a aussi annoncé l'élaboration d'un plan d’intervention interministériel qui se penchera notamment sur la prévention des fugues ainsi que l’accompagnement des jeunes et de leurs familles.
«On va mettre en place les mécanismes nécessaires de coordination entre [les différents ministères] pour avoir un plan global, parce que ce ne sera pas seulement de la répression, ça ne sera pas seulement de la prévention, c'est l'ensemble qui doit être attaqué de front», a expliqué Martin Coiteux.
Trop peu, trop tard, dit le PQ
Les mesures annoncées mardi ont été jugées insuffisantes par le Parti québécois. Comme il l’avait fait la veille, le porte-parole péquiste en matière de protection de la jeunesse, Jean-François Lisée, a reproché au gouvernement d’avoir tabletté un rapport contenant des recommandations pour lutter contre l’exploitation sexuelle. M. Lisée a également dénoncé les compressions de 20 millions $ dans les centres jeunesse.
«On se serait attendu à ce qu'ils annoncent plus d'argent pour les centres jeunesse, le SPVM et les organisations sur le terrain qu'on a coupées, a souligné le député de Rosemont. Mais non. Ils envoient un vérificateur, ce qu'ils auraient dû faire depuis une semaine, et ils disent: “On va réfléchir, on va réfléchir”. Alors, c'est non seulement décevant, ce n'est pas responsable.»
Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, a quant à lui fait part de sa déception devant l’absence de mesures destinées à lutter contre les gangs de rues.
«On voit que les gangs de rue ont un certain pouvoir sur les jeunes femmes qui ont fugué [et] et Mme Charlebois nous dit: “Je vais envoyer un vérificateur puis je vais vous revenir dans 30 jours.” [On veut savoir] ce que le gouvernement fait pour agir demain matin. Pas dans 30 jours, demain matin», a tonné le chef du deuxième groupe d’opposition.
De son côté, la députée solidaire Manon Massé a demandé, en vain, que le vérificateur qui sera envoyé à Laval se penche sur les budgets alloués aux centres jeunesse pour s’assurer qu’ils leur permettent de remplir adéquatement leur mission.
«Si le gouvernement ne veut pas qu'on porte un regard sur la dimension économique de la vérification qu'il a à faire, il y a des questions à se poser. C'est peut-être que, dans le fond, on estime qu'on sait qu'une partie de la réponse, c'est qu'il y a un manque de ressources pour accomplir la mission qu'on a à faire en matière de protection de la jeunesse», a affirmé Mme Massé.