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Qui sont ces jeunes en quête de liberté?

Alors que le centre jeunesse de Laval a décidé de resserrer le contrôle sur ses jeunes résidents en verrouillant les portes de l’établissement, TVA Nouvelles s’est demandé qui sont ceux et celles qui fréquentent ces centres jeunesse.

Notre journaliste est allé en rencontrer quelques-uns au campus Chambly, en Montérégie.

Cent trente adolescents vivent au centre jeunesse de Chambly, la majorité en protection.

«Les jeunes sous la protection de la jeunesse sont ici en raison de troubles de comportement ou de difficultés familiales», explique l’éducatrice Isabelle Kanash.

Ils y séjournent entre trois et six mois avant de retourner le plus souvent dans leur famille. Au sens de la loi, il ne s’agit pas de délinquants.

«On a à peu près 75-80% de nos jeunes qui sont médicamentés, qui ont un diagnostic psychiatrique», affirme le Dr Yves Lambert.

Cet omnipraticien suit à lui seul 400 jeunes de la DPJ avec très peu d'aide en pédopsychiatrie. Comme ils ne sont pas en prison, ces jeunes ont droit à des sorties régulières.

Dans les neuf unités de protection que compte le centre jeunesse de Chambly, toutes les portes sont débarrées, tel que la loi l’exige.

Il arrive cependant qu’un jeune soit en crise. On le place alors dans une de six salles prévues à cet effet.

«Se reprendre en main»

«Une des fonctions de cette salle-là, c'est aussi de permettre aux jeunes de se reprendre en main, précise Benoit Lord, coordonnateur. Et s'ils présentent des difficultés pour agresser quelqu'un, c'est beaucoup plus sécuritaire pour nous.»

Environ 20% des adolescents viennent un jour ou l'autre dans ces salles. «La moyenne générale, c'est 20 minutes qu'ils vont être ici.»

Comme dans tous les centres jeunesse, les jeunes ont soif de liberté.

L'an dernier, dans les quatre centres d'hébergement de la Montérégie, 1480 fugues ont été répertoriées et, dans certains cas, d’une durée de quelques heures seulement.

En tout, 261 jeunes ont été impliqués, en majorité des filles.

«J'avais une petite cocotte dans un de nos centres qui avait 7 ans et qui fuguait régulièrement, se rappelle le Dr Lambert. Elle rentrait dans des maisons du territoire et allait s'asseoir sur le sofa, et tranquillement, elle attendait que la personne revienne et elle disait à la madame: ”Est-ce que tu veux être ma maman?”»

«Une seconde chance»

Un adolescent qui a parlé à notre journaliste vit dans une autre section du centre, où toutes les portes sont barrées (comme le stipule aussi une loi fédérale), avec une vingtaine de jeunes contrevenants.

«Pour moi, ce n’était pas... Pour moi, c'était quelque chose de banal, c'était normal», dit ce jeune qui a commis un crime dont il préfère ne pas parler.

Les jeunes contrevenants représentent environ 1,5% des tous les jeunes en centre jeunesse.

«Ici, c'est comme une seconde chance qu'on a», ajoute-t-il.

L’adolescent n'a jamais pensé à s'enfuir avant la fin de sa sentence de 20 mois, car pour les jeunes contrevenants, une simple fugue représente une évasion au sens de la loi.

-D’après un reportage d’Harold Gagné

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