Le gouvernement Couillard a dévoilé mardi un nouveau programme destiné à prévenir l’exploitation sexuelle des adolescentes. Appelé «Prévention jeunesse», le programme vise à faciliter la coordination des différents intervenants du milieu, notamment les services policiers et les centres jeunesse.
«L’objectif est accompagner les intervenants locaux en instaurant un corridor de services permettant non seulement un meilleur échange d’informations, mais aussi la prise en charge rapide de nos jeunes vulnérables ou des victimes dans le but de mieux les soutenir et de les accompagner afin qu’ils sortent de leur environnement à risque», a expliqué le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux.
Il a indiqué qu’un premier projet sera déployé à Laval; une équipe multisectorielle d’intervenants composée de deux policiers, d’un intervenant juridique, d’un intervenant social, d’un agent de liaison du Centre jeunesse de Laval et d’un coordonnateur sera mise sur pied.
Le projet bénéficiera d’un budget de 625 000 $ étalé sur cinq ans. D’autres initiatives du genre verront également le jour ailleurs au Québec. En fonction des résultats, le programme pourrait être élargi à l’ensemble des régions de la province, selon les besoins, a précisé le ministre Coiteux.
En tout, le ministère de la Sécurité publique prévoit dépenser un peu plus de 3 millions $ d’ici les cinq prochaines années pour financer ces différentes initiatives.
Fugues
La création du programme «Prévention jeunesse» fait suite aux fugues de cinq adolescentes qui se sont enfuies du Centre jeunesse de Laval au cours des dernières semaines. Les familles de ces jeunes fugueuses craignaient qu’elles soient tombées entre les mains de proxénètes. Quatre d’entre elles ont été retrouvées, mais Vanessa Ticas, 17 ans, manquait toujours à l’appel.
Cette situation a remis de l’avant le phénomène de l’exploitation sexuelle des adolescentes. Le ministre de la Sécurité publique a d’ailleurs reconnu que ce sont les événements de Laval qui ont mené à la nouvelle initiative gouvernementale.
«Le gouvernement du Québec juge que les circonstances de Laval sont suffisamment préoccupantes pour que des moyens supplémentaires soient déployés, et ce, afin de venir renforcer la lutte contre l’exploitation sexuelle des jeunes filles», a-t-il dit.
Insuffisant, selon le PQ
Le porte-parole du Parti québécois (PQ) en matière de protection de la jeunesse, Jean-François Lisée, s’est montré peu impressionné par les mesures annoncées mardi. Le député de Rosemont a fait valoir que l’investissement de 3 millions $ sur cinq ans représentait peu de choses en regard des différentes coupes que les libéraux ont effectuées dans la prévention de l’exploitation sexuelle et dans les centres jeunesse.
«Ils ont coupé 1,1 million de dollars par an pour le programme de prévention et d'intervention en matière d'exploitation sexuelle des adolescents [et] 20 millions de dollars par an dans les centres jeunesse, ce qui a affecté la qualité de l'encadrement. On est loin du compte», a rappelé M. Lisée.