Il n'y a pas que le Centre jeunesse de Laval qui est aux prises avec un problème de fugues. Le phénomène est présent dans bien des centres jeunesse, dont celui de Montréal.
Une éducatrice du centre Rose-Virginie Pelletier, dans l'ouest de Montréal, a accepté de témoigner. Ce sont 72 adolescentes qui habitent ici en protection.
Si la plupart n'ont jamais fugué, une d'elles, âgée de 17 ans, l'a fait à répétition dès son arrivée en avril dernier.
«Quasiment à tous les jours. Au moins une fois aux deux jours. Oui, je revenais tout le temps coucher. Je fuguais avec une fille d'ici», raconte-t-elle.
Elle est chanceuse, elle n'est jamais tombée aux mains de proxénètes. «Je fuguais aussi pour la consommation. Juste être dehors et pas te faire dire quoi faire», ajoute-t-elle.
Elle ne fugue plus, parce qu'à chaque fois, elle se voyait refuser le droit de sortir la fin de semaine.
D'autres ont vécu des drames épouvantables, comme une adolescente séquestrée par un gang de rue.
«Les garçons l'avaient amenée quelque part. Ils ne voulaient pas la laisser repartir. Elle m'avait téléphoné, une fin de semaine, pour me dire qu'elle était vraiment dans le trouble. À ce jour, ce qu'elle dit de moi, c'est que je lui ai sauvé la vie», explique l'éducatrice Martine Richer.
Les membres de gangs ne se tiennent pas constamment aux abords du centre pour recruter les jeunes femmes. Ils entrent en contact avec elles grâce aux réseaux sociaux.
Au centre Rose-Virginie Pelletier, on offre notamment des ateliers pour aider les jeunes à comprendre ce qui se passe sur Internet et sur les réseaux sociaux.
«Par Internet. Par Facebook. Utilisons justement le fait qu'ils vont sur Facebook pour regarder avec eux quels sont les dangers de Facebook, qu'est-ce qui se passe. Quand on est près d'eux et que les filles sont à l'ordinateur, sur Facebook, qu'on puisse s'approcher à tout moment comme n'importe quel bon parent."
Le centre offre aussi des cours d'éducation sexuelle. Le dernier chapitre porte sur la prostitution. La discussion est alors ouverte.
Les éducatrices ont peu de temps pour bâtir cette confiance: souvent quelques mois, la durée du placement de plusieurs adolescentes. Ensuite, tout est à recommencer avec d'autres jeunes en quête de liberté.