Le gouvernement Couillard n’a pas l’intention de rouvrir l’entente scellée avec Bombardier pour son investissement de 1,3 milliard $ dans la famille d’avions CSeries.
«Nous n’allons pas revoir l’entente avec Bombardier», a clairement indiqué la ministre de l’Économie, Dominique Anglade, jeudi à Québec.
Selon la ministre, de plus en plus de voix au Canada s’unissent pour faire pression sur le gouvernement Trudeau afin qu’il annonce prochainement un investissement significatif dans la multinationale québécoise des transports.
«On a même la première ministre de l’Ontario qui dit qu’il faut investir dans la Série C. En fait, tout le monde, les experts, s’entendent pour dire qu’il faut investir dans la Série C, à part M. Péladeau qui fait cavalier seul», a-t-elle souligné.
Selon la ministre Anglade, la présence de Bombardier représente plus de 40 000 emplois dans le secteur de l’aéronautique au Québec.
«Ce qui est clair, c’est qu’il faut que le fédéral soit à la table. Il faut se serrer les coudes pour conserver les emplois. Ce sont tous les Canadiens qui bénéficient de l’aérospatial», a-t-elle fait savoir.
Le PQ en remet
Dans une lettre ouverte publiée jeudi matin dans La Presse, le chef du Parti québécois (PQ), Pierre Karl Péladeau, en a remis en soutenant que l’entente avec Bombardier devait être renégociée par Québec.
Le chef péquiste, qui a rencontré en début de semaine la haute direction de Bombardier à Montréal, croit que l’entente réalisée par le gouvernement Couillard fait assumer aux Québécois «tous les risques inhérents à l’avenir du dispendieux programme d’avions» de Bombardier.
Pierre Karl Péladeau demande au gouvernement Couillard d’obtenir une série de garanties de la part de Bombardier, dont un plancher de 15 000 emplois au Québec.
En plus d’une garantie sur les emplois, le PQ réclame que Québec oblige Bombardier à maintenir la présence, en sol québécois, d’un siège social décisionnel et l’approvisionnement en biens et en services auprès de fournisseurs et de sous-traitants locaux.
Pierre Karl Péladeau exige par ailleurs que l’ancien premier ministre et proche conseiller de Philippe Couillard, Daniel Johnson, quitte son poste de président du conseil d’administration de la société en commandite créée par l’entente avec Bombardier.
Daniel Johnson occupe un poste d’administrateur chez Bombardier depuis 1999.
Jacques Daoust réplique
«Les deux chefs d’opposition ont été présidents de compagnie. Aucun ne va me convaincre qu’il a conservé des employés quand il n’y avait pas d’ouvrages pour eux», a répliqué le ministre des Transports Jacques Daoust jeudi lors d’une entrevue accordée à TVA. «C’est une position purement politique. Garantir un plancher d’emploi s’il n’y a pas d’ouvrage ? Ça ne tient pas la route !»
«Ce qui vaut le plus cher, c’est l’homologation du CSeries, les modèles CS100 et CS300», a poursuivi Jacques Daoust en défendant le support financier de son gouvernement envers Bombardier. «Ça vaut très cher, et c’est ce qu’on veut protéger. Une compagnie en difficulté peut être tentée de le vendre. On veut protéger le produit. C’est le premier produit en aéronautique du XXIe siècle, au monde. »
Jacques Daoust a également pris bonne note de l’ouverture que manifeste le premier ministre du Canada Justin Trudeau dans le dossier Bombardier : «Je crois qu’on va dans la très bonne direction».