Le débat a été houleux sur le plateau de l’émission «Denis Lévesque» lundi soir entre les intervenants invités à expliquer ce qui poussent les jeunes musulmans à se radicaliser.
Le porte-parole du Collectif Québécois contre l’islamophobie, Adil Charkaoui, et le chroniqueur au Journal de Montréal, Richard Martineau ont particulièrement échangé, s’accusant souvent l’un l’autre d’être un des facteurs de radicalisation.
«La faute aux médias»
«Les médias en parlent (de l’islamisme, NDLR) tous les jours, ils inondent les ondes(...) Quand Richard Martineau ou Benoît Dutrizac ne font que parler de ça, les jeunes qui cherchent à s’intégrer ne se reconnaissent pas», a fait savoir M. Charkaoui.
De son côté, Richard Martineau a tenu à dire qu’il faisait la différence entre l’islam pratiqué par les musulmans canadiens et l’islamisme. Il a toutefois questionné le porte-parole du Collectif Québécois contre l’islamophobie sur son rôle auprès des jeunes Québécois, notamment au Collège de Maisonneuve de Montréal.
«Je me souviens d’un jeune de Gatineau qui est parti. Son père m’a dit "des gens jouent dans la tête de nos enfants". Son fils était "normal" et il est tombé. On ne peut pas nier qu’il y a des gens qui exploitent ces jeunes», a-t-il affirmé.
Il a également parlé des mosquées où des propos controversés peuvent parfois être véhiculés ce à quoi Adil Charkaoui a répondu que «les corps policiers font leurs enquêtes».
Programme de déradicalisation
Pour l’ex-agent du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), Michel Juneau-Katsuya, la radicalisation des jeunes peut être rapide et ne prendre que quelques mois.
«Ces organisations ont une excellente maîtrise des médias sociaux. Ça peut aller aussi rapidement que quelques mois pour qu’un jeune se radicalise (...) Il y aussi au Canada, de nombreux jeunes qui se convertissent, de jeunes garçons qui ont grandi dans une société blanche et chrétienne», a-t-il indiqué.
Selon lui, l’ancien gouvernement fédéral, tout comme celui de Justin Trudeau ne parle pas assez des programmes de déradicalisation et des signes permettant de reconnaître un jeune qui se radicalise.
Le professeur de l’Université de Sherbrooke et membre de l’Observatoire sur la radicalisation et l’extrémisme violent, David Morin, a cependant voulu pondérer les discours en expliquant qu’il était encore difficile de savoir qui étaient ces jeunes.
«Dans le cas du Québec, on parle de quelques dizaines de jeunes qui sont partis en grappe (...) Des recherches existent au Québec et au Canada pour étudier ces profils différents», a-t-il dit.