Selon les partis d’opposition, le budget de Carlos Leitao cache une situation économique toujours précaire et une austérité qui se poursuit, contrairement à ce que laisse entendre le gouvernement.
Le péquiste Nicolas Marceau a fait une critique sévère du bilan économique du Québec sous le gouvernement libéral. Il rappelle qu’en campagne électorale, le premier ministre faisait miroiter la création de 250 000 emplois en cinq ans. «C’était une promesse, c’est devenu une cible, puis un mythe. Et aujourd’hui, elle est portée disparue», a déclaré jeudi l’ex-ministre des Finances du Parti québécois devant les journalistes en huis clos.
Il a déploré que la croissance des investissements des entreprises soit à zéro et que la création d’emploi soit au beau fixe. Il a évoqué l’augmentation du ratio (sur deux ans) pour prouver la «détérioration de la santé des finances publiques».
Si le gouvernement brandit une série d’allègements fiscaux pour prouver une certaine reprise, M. Marceau rappelle qu’elle est rendue possible au prix de deux ans de hausses de tarifs totalisant 1500 $ par famille, selon ses calculs. S’il peut aujourd’hui remettre en moyenne 60 $ dans les poches des familles, cela demeure «une augmentation du fardeau fiscal de 1440 $, et ce n’est pas à mon goût non plus», a dit le péquiste.
Le chef caquiste François Legault parle ironiquement d’une «carte cadeau pour laquelle vous devriez dire merci».
M. Legault croit que «la situation est trop grave» pour investir dans le Fonds des générations comme l’a fait M. Leitão. Il aurait dû injecter plus d’argent pour réduire le fardeau fiscal des Québécois et réinvestir en éducation, selon M. Legault. Ce secteur a peut-être reçu la part du lion dans ce budget, cela reste selon lui insuffisant. «En éducation, le gouvernement a stabilisé le patient, mais il demeure sur le respirateur artificiel, a-t-il dit. Pour le changement de cap (annoncé par M. Couillard), on repassera!»
Le député solidaire Amir Khadir a enchaîné en disant que les hausses en éducation ne représentaient que 26 000 $ par école primaire, «même pas une enseignante». Autrement dit, «c’est 50 ¢ par élève par jour» et «il me semble qu’ils méritent mieux».
Le budget est peut-être équilibré, mais M. Khadir voit un déséquilibre entre les sommes accordées aux entreprises au nom de la relance économique et l’effort exigé à la classe moyenne. Il ne s’est pas gêné pour parler de corruption et même pour faire un lien avec l’arrestation de l’ex-ministre Nathalie Normandeau, jeudi matin.
«Cette corruption, c’est l’influence indue des grands patrons sur choix économiques du Parti libéral», a ajouté le député de Mercier.