Salah Abdeslam, capturé vendredi à Molenbeek en Belgique, est l'homme le plus recherché d'Europe depuis les attentats du 13 novembre à Paris, dans lesquels il aurait joué un rôle-clé.
La trace de l'homme de 26 ans, né à Bruxelles, s'était perdue le 14 novembre dans la commune bruxelloise de Schaerbeek, où deux proches qui étaient allés le récupérer en voiture en pleine nuit à Paris l'avaient déposé.
«On ne va plus jamais se revoir», avait-il confié à l'un des deux hommes cités par Le Monde, ajoutant: «J'ai mis mon nom dans tout, je suis cramé».
Le logisticien présumé des attentats de Paris et Saint-Denis a multiplié les voyages (Pays-Bas, Grèce, Autriche, Hongrie) avant le 13 novembre, ce qui avait nourri de multiples hypothèses sur son possible lieu de fuite.
En décembre dernier, les enquêteurs français assuraient qu'aucun élément n'étayait la thèse d'un retour en Syrie, d'autant que Salah Abdeslam aurait renoncé à son projet kamikaze, contrairement à son frère Brahim, mort à Paris.
Selon le journal belge La Dernière heure (DH), Salah Abdeslam s'est caché pendant 20 jours, du 14 novembre au 4 décembre, dans un appartement de la commune populaire de Schaerbeek, près de Bruxelles.
Les deux convoyeurs de Salah Abdeslam ont décrit aux enquêteurs un homme très nerveux qui pleurait son frère. «Il a été tué et il était parti pour se tuer», aurait-il dit selon le témoignage obtenu par Le Monde.
Ceinture explosive
Les enquêteurs se demandent si Salah Abdeslam n'a pas renoncé à actionner sa ceinture explosive, car il a été localisé dans le XVIIIe arrondissement de Paris où l'État islamique (EI) a fait état d'un attentat qui n'a jamais eu lieu.
C'est également là qu'a été retrouvée la Clio à bord de laquelle il a circulé, après avoir sans doute déposé trois kamikazes au stade de France, à Saint-Denis.
Les policiers français pensent qu'il a abandonné sa ceinture explosive à Montrouge, dans la banlieue de Paris, où elle a été découverte quelques jours après les attentats.
L'ADN du djihadiste n'a pas été retrouvée sur cette ceinture, «mais cela ne veut pas dire qu'il ne l'a pas portée», souligne une source judiciaire.
Outre Salah Abdeslam, les enquêteurs recherchent toujours Mohamed Abrini, qui, au minimum, lui a servi de chauffeur.
Le 11 novembre dernier, vers 19 heures, le djihadiste a en effet été filmé par une caméra de vidéosurveillance dans une station-service de Ressons (Oise), en compagnie de Mohamed Abrini, au volant d'une Clio noire.
La voiture est ensuite revenue en France le 12 novembre, veille des attaques, avec deux autres véhicules transportant des membres du commando.
Les polices belge et française ont retracé les nombreux voyages effectués par Salah Abdeslam dans les mois précédant les attaques de Paris, probablement pour aider à leur préparation.
Le 4 août, il est contrôlé à Bari, dans le sud de l'Italie, au moment d'embarquer dans un ferry en partance pour Patras, en Grèce. Il en revient le lendemain, selon les autorités italiennes.
Les enquêteurs se demandent s'il ne s'est pas rendu en Grèce pour y rencontrer Abdelhamid Abaaoud, le chef opérationnel présumé des attentats de Paris tué lors de l'assaut de Saint-Denis. La police grecque pense en effet avoir localisé l'une des caches d'Abdelhamid Abaaoud à Athènes.
Deux des kamikazes du Stade de France sont passés par la Grèce le 3 octobre dernier, selon les autorités françaises.
Les policiers ont également découvert que Salah Abdeslam s'était rendu à deux reprises en Hongrie en septembre pour aller y chercher deux hommes.
Le 9 septembre, il est contrôlé à la frontière austro-hongroise alors qu'il se trouve à bord d'une Mercedes avec deux hommes qui ont de faux papiers belges aux noms de Samir Bouzid et de Soufiane Kayal, selon le parquet fédéral belge.
La fausse identité de Soufiane Kayal a été utilisée pour louer une maison dans la ville belge d'Auvelais, qui a fait l'objet d'une perquisition le 26 novembre.
L'autre carte d'identité, au nom de Samir Bouzid, a été utilisée quatre jours après les attaques de Paris pour transférer 750 euros, via une agence Western Union à Bruxelles, au bénéfice de Hasna Aït Boulahcen, tuée avec son cousin Abdelhamid Abaaoud lors du raid de la police à Saint-Denis.
Or, selon le site internet de la RTBF, Samir Bouzid est le faux nom de Mohamed Belkaïd, l'homme qui a été tué dans l'appartement de Forest mardi par les policiers belges.