«On a perdu contact avec Frank». Deux jours après les attentats de Bruxelles, familles et amis sont en quête de nouvelles de leurs proches et leur angoisse risque de durer: l'identification des 31 corps retrouvés est un processus complexe et long.
Ils étaient à l'aéroport international de Bruxelles ou dans la station de métro de Maelbeek, lorsque les bombes ont explosé, semant la mort dans la capitale belge. Depuis, seule l'identité de quatre d'entre eux est connue.
«On a perdu contact avec Frank Deng. On a vérifié son hôtel à Bruxelles, il est parti à 07h16, est allé à l'aéroport, son vol devait être à 09h05», s'inquiète David Ye, un proche contacté par l'AFP.
Ce Chinois prévoit de se rendre dans la capitale belge ce week-end avec la famille du disparu, à l'instar de nombreuses autres personnes venues pour faire le tour des hôpitaux à la recherche d'un époux, d'une soeur, d'un ami.
Comme après les attentats à Paris en novembre, de nombreux appels à témoin ont été lancés sur Facebook et Twitter.
«AVEZ-VOUS VU CETTE JEUNE FEMME? Elle s'appelle ALINE BASTIN, de nationalité belge, 29 ans. Elle était très probablement dans le métro de l'attentat. Nous sommes DÉSESPÉRÉMENT à sa recherche - si vous l'avez vue, SVP contactez-nous!», dit un des messages, partagé des milliers de fois.
«Si vous avez des nouvelles, elle s'appelle +loubna lafquiri+. Elle se trouvait à 09h15 à la station de métro puis plus de nouvelles on a appelé les hôpitaux, mais en vain...», lit-on dans un autre post.
Face à cette détresse, le gouvernement belge a mis en place un numéro d'urgence, le 1771.
«Ils seront informés si leurs proches sont sur une liste de gens qui sont soignés dans un hôpital et, s'ils ne sont pas sur la liste des blessés, ils sont dirigés vers l'hôpital militaire Reine-Astrid», explique Ine Van Wymersch, magistrate au parquet de Bruxelles.
Pendant ce temps, une trentaine de spécialistes s'activent pour identifier les corps ou les membres déchiquetés retrouvés.
«Ils récoltent un maximum d'éléments: bijoux, portefeuilles, vêtements, restes humains...», explique Michaël Jonniaux, porte-parole de la police fédérale.
Philippe Boxho, directeur de l'Institut médico-légal de l'Université de Liège, explique que l'identification se base sur les «dents, le code génétique ou les empreintes digitales».
«Les dents, ça va très vite, les empreintes digitales ça prend du temps et il faut qu'elles soient fichées. Parfois on peut par chance trouver des empreintes digitales des gens là où ils vivent, là où ils travaillent», ajoute-t-il.
Le travail s'annonce très long, car «c'est une catastrophe ''ouverte'', il n'y a pas de liste des personnes qui étaient dans le métro, comme il peut y avoir une liste de passagers pour un écrasement d'avion par exemple», explique M. Jonniaux.
Autre difficulté: les explosions ont été particulièrement violentes. «Les restes humains sont parfois éparpillés».
Enfin, un grand nombre de nationalités sont concernées d'où la difficulté à récupérer les données.
Parmi les morts pour l'instant identifiés, une Péruvienne, Adelma Marina Tapia Ruiz, 37 ans, tuée à l'aéroport où elle se trouvait avec son mari belge et leurs petites jumelles.
Une citoyenne marocaine, dont le nom n'a pas été dévoilé, a aussi trouvé la mort. Elle se trouvait dans le métro.
Au moins deux ressortissants belges sont morts dans le métro. Il s'agit d'Olivier Delespesse, 45 ans, fonctionnaire à la fédération de Wallonie-Bruxelles, et de Léopold Hecht, un étudiant en droit belge de 20 ans de l'université Saint-Louis de Bruxelles.
La famille de Léopold Hecht a décidé de faire don de ses organes. «Nous savons que c'est la décision qu'il aurait souhaité qu'on prenne pour lui, même s'il ne l'a jamais exprimée telle quelle», a déclaré la mère du jeune homme au journal «La Libre Belgique».
Parmi les disparus, Bart Migom, étudiant en marketing de 21 ans, devait s'envoler pour les États-Unis pour rejoindre sa petite amie, Emily Eisenman. «Il m'a envoyé un texto depuis le train pour l'aéroport de Bruxelles. Il devait m'envoyer ensuite une photo de sa carte d'embarquement, mais il ne l'a jamais fait», a-t-elle déclaré à une chaîne de télévision américaine.
Le Britannique David Dixon, un informaticien de 51 ans vivant en Belgique, est également porté disparu. Sa tante a raconté au «Daily Telegraph» qu'il lui avait envoyé un SMS disant qu'il était «sain et sauf» après l'explosion à l'aéroport. Elle craint qu'il ne soit ensuite descendu dans le métro.
Les attentats ont fait 300 blessés, dont 150 sont toujours hospitalisés et 61 en soins intensifs.
Parmi eux, des Portugais, des Français, des Britanniques ou des Marocains.