«Bon élève, sans problème disciplinaire» dans une école catholique de Bruxelles, Najim Laachraoui s'est ensuite radicalisé pour se retrouver, après un passage en Syrie, au coeur des enquêtes sur les sanglants attentats de Paris et Bruxelles.
Selon des sources policières, le jeune homme de 24 ans est un des kamikazes qui s'est fait exploser mardi à l'aéroport de Zaventem. Il était également recherché depuis le 4 décembre dans l'enquête sur les attentats de Paris.
«Je ne sais pas ce qui a pu arriver», déplore Veronica Pellegrini, la directrice de l'Institut de la Sainte-Famille d'Helmet, l'établissement catholique de la commune bruxelloise de Schaerbeek, où Najim Laachraaoui a fait ses études secondaires.
Diplômé en 2009, «c'était un bon élève, sans aucun problème disciplinaire. Il n'a jamais redoublé, il a eu un parcours tout à fait classique», explique-t-elle à l'AFP.
Najim Laachraoui a ensuite entamé des études d'électromécanique, dont il a terminé la première année en 2012 avec une «satisfaction», la plus basse mention pour un examen supérieur de l'enseignement supérieur, selon une revue d'anciens élèves de la Sainte-Famille consultée par l'AFP.
Il les interrompt ensuite rapidement. Selon le parquet fédéral belge, il gagne la Syrie en février 2013.
Sa trace réapparaît le 9 septembre 2015, deux mois avant les attentats de Paris, lors d'un contrôle routier à la frontière austro-hongroise.
Il présente une fausse carte d'identité au nom de Soufiane Kayal, qui n'éveille pas les soupçons. À bord de la Mercedes se trouvent également Salah Abdeslam, suspect-clé des attentats de Paris (130 morts) arrêté le 18 mars, et Mohamed Belkaïd, qui se présente alors sous le faux nom de Samir Bouzid. Ce dernier sera tué le 15 mars lors d'une perquisition dans la commune bruxelloise de Forest.
C'est sous le faux nom de Kayal qu'a été louée l'une des planques des commandos de Paris avant les attaques, à Auvelais, près de Namur. Ses traces ADN ont également été retrouvées dans un appartement de Schaerbeek, où ont été confectionnées des ceintures d'explosifs utilisées le 13 novembre.
Il pourrait donc être l'artificier des attaques de Paris, ce qui semble cohérent avec ses connaissances d'électromécanique. Les enquêteurs se demandent même s'il n'en serait pas un des coordinateurs.
Ils soupçonnent Laachraoui et Belkaïd d'avoir été en liaison téléphonique avec certains des kamikazes du 13 novembre.
Najim Laachraoui a le profil d'un relais de l'organisation État islamique. Le mois dernier, il avait été jugé par défaut à Bruxelles dans le procès d'une filière de recrutement de combattants par l'EI. Une peine de 15 ans de prison a été requise à son encontre le 29 février pour avoir accueilli des combattants en Syrie.
Mardi, c'est d'un appartement de Schaerbeek, à deux kilomètres de chez ses parents, qu'il serait parti avec deux autres assaillants vers l'aéroport de Zaventem.
Aujourd'hui, la petite maison familiale dans le paisible quartier résidentiel de Terdelt garde ses volets tirés. À l'interphone, les parents déclinent poliment les interviews, fatigués des sollicitations médiatiques.
Selon la presse belge qui a rencontré le père, ce dernier est consterné par l'implication de son fils dans les plus sanglantes attaques menée sur le sol belge depuis 1945 (au moins 31 morts et 300 blessés) et a déclaré à la police n'avoir plus de nouvelles de lui depuis trois ans.
Son frère Mourad, international belge de taekwondo qui a représenté la Belgique aux derniers Mondiaux disputés en mai à Tcheliabinsk (Russie), a également affirmé n'avoir «plus de contact avec son frère depuis que ce dernier était parti en Syrie». Dans un communiqué, il a «condamné fermement les agissements de son frère aîné et les attentats dans lesquels il a été impliqué, en France et en Belgique».