La politique énergétique dévoilée par le gouvernement Couillard promet une réduction de 40 % la consommation de pétrole au Québec d’ici 2030, une cible «ambitieuse» qui ne sera pas facile à atteindre.
«C’est un tournant important, un virage historique», a lancé Philippe Couillard jeudi après-midi devant une centaine de représentants du secteur de l’énergie à Montréal.
Son ministre de l’Environnement David Heurtel, invité à la toute dernière minute et dont le nom n’apparaît pas dans les documents remis aux médias, en a rajouté. «Nous sommes au début de la fin de l’ère des hydrocarbures», a-t-il souligné.
Québec mise sur l’électrification des transports et la conversion au gaz naturel du transport lourd pour y parvenir. «Je reviens au secteur des transports, c’est là que les gains doivent se faire», a expliqué le premier ministre.
Pour les environnementalistes, la cible est noble, mais il manque de moyens pour compenser la popularité croissante des gros VUS qui consomment plus d’essence.
Du côté du patronat, on est «moyennement optimiste». Yves-Thomas Dorval, un avide usager de l’entreprise de transport électrique Taxi Téo, reconnaît que la technologie du véhicule électrique n’est pas encore au point pour le Québec. Un aller simple Montréal-Québec dans une Tesla durant l’hiver lui a donné des sueurs froides : «on a dû fermer le dégivrage pour être capable d’arriver à destination», a-t-il soufflé. On mise sur le consommateur, il faudra le guider.
Québec mise aussi sur l’efficacité énergétique. La politique gouvernementale bénéficie d’un budget de 4 milliards de dollars sur une période de 15 ans qui sera financé par le Fonds vert, destiné à la lutte aux changements climatiques.
David Heurtel en assurera la reddition de compte, mais c’est le ministre de l’Énergie Pierre Arcand qui aura la gestion courante de cette somme avec un nouvel organisme, un «guichet unique» destiné aux entreprises et citoyens intéressés.
Le gouvernement Couillard a par ailleurs confirmé, comme le rapportait le «Journal de Québec», que les tarifs d’Hydro ne dépasseront plus l’inflation. Pour y arriver, le coût des futurs approvisionnements d’électricité des champs d’éoliennes ne pourra plus être refilé aux consommateurs. «C’était rendu nécessaire», a convenu le premier ministre.