L’Association Internationale des Machinistes et des travailleurs de l'Aérospatiale (AIMTA), le plus grand syndicat de l’aérospatiale en Amérique du Nord, s’oppose au projet de loi fédéral modifiant la loi sur Air Canada. Selon l’AIMTA, Air Canada n’aura plus aucune obligation de faire effectuer ses travaux d’entretien au Canada si le projet de loi est adopté.
L’AIMTA entend lancer une pétition et solliciter tous les partis politiques à la Chambre des communes «pour tuer le projet de loi C-10 dans l’œuf», selon un communiqué.
Le ministre des Transports Marc Garneau a déposé le 24 mars dernier des modifications à la Loi sur la participation publique d'Air Canada, qui date de 1988, pour éviter au transporteur de maintenir des centres d'entretien à Montréal, Mississauga et Winnipeg.
Le projet de loi, essentiellement, impose à Air Canada la responsabilité de maintenir des centres d'entretien de ses appareils dans trois provinces, dont le Québec, et non dans trois villes en particulier. Le transporteur bénéficiera donc d’une plus grande flexibilité.
Ce projet de loi a été vertement critiqué par le Nouveau Parti démocratique et le Bloc Québécois, qui estiment qu’Air Canada s'en tire sans conséquence après avoir enfreint la loi en 2012 en fermant ses centres d'entretien. Ces fermetures avaient entraîné la perte de 2 700 emplois, dont les 1 800 emplois d'Aveos au Québec.
Après la disparition de ces centres d’entretien, le gouvernement du Québec ainsi que celui du Manitoba ont décidé de poursuivre Air Canada, lui reprochant de ne pas respecter sa loi constitutive de 1988 qui lui impose des centres de révision de ses appareils à Montréal, Mississauga et Winnipeg.
Québec et les ex-travailleurs d’Aveos ont remporté une première victoire contre le transporteur aérien en Cour d’appel. Air Canada avait porté la cause en appel et les procédures étaient en marche à la Cour suprême.
En février dernier, devant l’intention d’Air Canada d’acheter des appareils CS300 de Bombardier, Québec a abandonné sa cause face au transporteur dans le dossier d’Aveos. En contrepartie, Air Canada a promis de mettre en place un centre d’excellence pour les appareils de la CSeries.
Vers la délocalisation de l'entretien ?
«Nous étions satisfaits que le gouvernement du Québec, avec l’appui du Manitoba, décide de prendre les choses en main et obtienne gain de cause, a déclaré jeudi David Chartrand, coordonnateur de l’AIMTA au Québec, dans un communiqué.
L’abandon de la poursuite par le gouvernement du Québec a beaucoup déplu à l’AIMTA.
Pour l’organisation syndicale, le projet de loi C-10 du gouvernement Trudeau ouvre la porte à la délocalisation des travaux d’entretien à l’extérieur du pays.
«Si Air Canada est d’avis que les appareils CSeries de Bombardier représentent un choix logique sur les plans opérationnel et financier, il ne devrait donc pas être nécessaire de lui graisser la patte en lui offrant un laissez-passer lui permettant de confier la totalité de ses travaux d’entretien à des fournisseurs de services étrangers», a ajouté David Chartrand.
L’AIMTA, affilié à la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, compte 15 000 membres dans les secteurs suivants : aérospatiale, transport aérien, industrie ferroviaire, aussi dans la métallurgie et les produits électroménagers.