Hausser le salaire horaire minimum à 15 $ ne ferait pas que des heureux au Québec. Une telle augmentation salariale mettrait de la pression sur le bilan de nombreuses petites entreprises, même si la mesure améliorait la qualité de vie de milliers de Québécois.
Selon des données de Statistique Canada, près de 877 000 travailleurs québécois gagnaient moins de 14,99 $ l’heure l’année dernière.
Un mouvement en faveur d’un salaire minimum à 15 $ l’heure prend forme au Québec, emboitant le pas aux revendications qui se multiplient aux États-Unis depuis 2012.
Des lois ont récemment été signées en Californie et dans l'État de New York pour majorer progressivement le salaire horaire à 15 $, d'ici quelques années.
Les militants québécois prennent part à des activités et à une manifestation ce vendredi, à Montréal, pour populariser l’idée.
«De plus en plus de gens le réclament parce qu’il y a eu des gains aux États-Unis. Il n’y a pas de raison qu’on n’obtienne pas 15 $ chez nous», a commenté Julien Daigneault, porte-parole du regroupement 15plus.org, précisant que des syndicats appuient maintenant le mouvement.
Les PME inquiètes
La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), un regroupement de propriétaires de PME, n’appuie pas l’idée. La FCEI estime qu’une majoration aussi importante du salaire de base créerait des distorsions en mettant de la pression sur la rémunération des employés mieux payés ainsi que sur les prix des produits et des services.
«Les petites entreprises n’ont pas les moyens financiers des multinationales comme Costco pour absorber une hausse aussi importante. Surtout que les employés qui sont mieux payés voudront aussi une augmentation», a déclaré Martine Hébert, vice-présidente principale de la FCEI.
Pour Martine Hébert, il serait préférable d'augmenter le montant de base exempté d’impôt pour lutter contre la pauvreté. Selon les balises actuelles, environ 40 % de la majoration disparaîtrait en impôt.
«Quand on augmente le salaire minimum, les gens ont tendance à dépenser entièrement leur hausse salariale. Ça signifie que les entreprises et les détaillants en profiteraient également», remarque pour sa part Guillaume Hébert, chercheur à l'Institut de recherche et d'information socio-économique (IRIS).
L’IRIS milite d’ailleurs en faveur d’un salaire viable, permettant aux travailleurs de combler leurs besoins de base. L’an dernier, le salaire viable s’établissait à 14,55 $ l’heure, selon l’institut de recherche.
Actuellement, le salaire minimum est de 10,55 $ l’heure au Québec. À compter du 1er mai, il sera fixé à 10,75 $.
Québec estime que près de 260 000 personnes bénéficieront de la hausse, en incluant ceux qui gagnent actuellement un peu plus que le salaire minimum.