Trois longs-métrages, un Oscar et puis s'en va. La carrière cinématographique de Prince n'a eu qu'une brève incandescence comparé à son règne de quarante ans dans la musique, même s'il a laissé sa marque sur d'innombrables bandes originales.
Tout comme de nombreuses stars musicales, de Madonna à David Bowie en passant par Michael Jackson, le passage devant ou derrière la caméra de Prince a laissé une trace bien pale comparé à sa fulgurance en studio ou sur scène.
Du succès de «Purple Rain» en 1984 aux échecs de «Under the Cherry Moon» (1986) et «Graffiti Bridge» (1990), il n'y eut que six ans, avec tout de même un Oscar, un Golden Globe... et une poignée de Razzie Awards, prix satiriques décernés aux pires performances.
Photogénique et flamboyant, adepte des mises en scène sexuées et androgynes dans ses clips ou lors de ses spectacles, Prince Rogers Nelson a très tôt dans sa carrière voulu imprégner la pellicule.
«Les films et vidéos de Prince forment un long et fascinant strip-tease post-moderne, tout en sourires entendus et regards salaces à la caméra, montrant tout, mais ne révélant rien», écrit vendredi la revue Hollywood Reporter.
L'album qui l'a consacré, «Purple Rain», est devenu un film semi-autobiographique sur un jeune artiste, «Le gamin» -- allusion au surnom du «Kid de Minneapolis» --, issu d'une famille dysfonctionnelle et qui tente de se faire un nom.
Réalisé par Albert Magnoli, «Purple Rain» a séduit un public allant bien au-delà des fans musicaux de Prince, et lui a offert un Oscar de la meilleure bande-son.
Monté sur scène pour recevoir sa statuette dans un pull violet brillant à capuche, flanqué de ses deux musiciennes fétiches Lisa Coleman et Wendy Melvoin, il avait murmuré: «C'est très incroyable. Je n'aurais jamais imaginé cela dans mes rêves les plus fous».
68 millions pour «Purple Rain»
«Purple Rain» a généré plus de 68 millions de dollars de ventes en salles aux États-Unis d'après le site Boxofficemojo.Com, pour un budget de 7 millions de dollars.
Fort de son succès, le musicien est passé derrière la caméra pour l'ambitieux «Under the Cherry Moon», comédie musicale en noir et blanc où il joue, chante et danse, tentant de dépouiller et séduire Christine Scott Thomas. Elle y incarne une riche héritière sur la côte d'Azur. La B.O. comprend les tubes «Kiss» et «Girls and Boys».
Le film se fera éreinter par les critiques et sera un échec commercial. Pire encore sera le sort de sa deuxième réalisation, «Graffiti Bridge», une suite des aventures du Kid de «Purple Rain»: il récoltera des critiques assassines, 4,5 millions de dollars seulement de recettes dans les salles américaines, et une bande originale tombée dans l'oubli.
Il récoltera même les Razzie Awards du pire réalisateur, pire acteur et pire chanson en 1987, et sera nommé pour celui du «pire acteur du siècle»... C'est Sylvester Stallone qui l'emportera.
Un soufflet qui signera la fin de ses rêves sur grand écran, mais il a en revanche continué à illustrer de ses chansons une litanie de films: 166 au total selon le site de référence IMDB.com.
Parmi les plus notables, «Batman» (1989), de Tim Burton, qui s'est écoulée à des millions d'exemplaires, renflouant financièrement l'artiste qui essuyait alors les premiers trous d'air de sa carrière musicale et en pleines tensions avec son label Warner.
En 2007, la musique de «Happy Feet», film d'animation de George Miller et Warren Coleman, lui vaudra un Golden Globe. Il figure aussi sur les bandes-son de «Girl 6» de Spike Lee.
Si Prince n'y est pas crédité, Julia Roberts fredonne son tube «Kiss» dans un bain moussant dans «Pretty Woman». Richard Gere réalise alors que c'est la femme de sa vie.