Le président de CROP a mis fin au contrat de télémarketing avec Uber car il mettait à mal l’image de la firme de sondage.
«Je lis les journaux le matin. J’ai appris qu’on a fait ça dans vos pages. Ça s’est arrêté quand je suis arrivé au bureau. [...] J’admets que ça regarde mal. J’ai une réputation. Ma première responsabilité, c’est de préserver cette réputation», lance le grand patron de CROP, Alain Giguère, en entrevue.
«Le Journal de Québec» a révélé mercredi qu’Uber payait la firme de sondage CROP pour inciter les Québécois à appeler les élus afin de faire pression sur le gouvernement Couillard. Le processus déployé est simple: un employé de CROP contacte les citoyens et leur propose de les transférer au bureau de leur député.
M. Giguère, qui préside la destinée de CROP depuis 1987, affirme qu’il n’était pas au courant de cette opération. «Un collègue avait proposé le projet, mais je n’avais pas donné mon accord. J’étais toujours en réflexion. Je n’étais pas convaincu que je voulais faire ça», s’est-il défendu.
CROP aurait pu se retrouver dans l’eau chaude. Le code d’éthique de l’association de la recherche et de l’intelligence marketing stipule que «les sociétés de recherche marketing ne devraient pas faire du télémarketing ou effectuer d’autres activités de vente sous le nom qu’elles utilisent pour les études de marché».
Le nom de CROP n’a jamais été prononcé lors de ces appels, assure toutefois M. Giguère. «Je peux vous assurer et vous jurer que chaque appel a été fait au nom d’Uber. Au moins, je peux dire ça. Jamais dans 100 ans on n’aurait voulu leurrer le monde en faisant croire que CROP faisait un sondage et à la sauvette, envoyer le répondant chez le député pour promouvoir la cause d’Uber.»
Le hic, c’est que lorsque les employés des bureaux de circonscription ont tenté de rappeler les citoyens à la défense d’Uber, ils sont tombés chez CROP.
«Notre numéro de téléphone a passé même si c’était censé être masqué», a-t-il noté.
Autre problème: l’industrie du taxi est un client de CROP, qui a fait un sondage d’opinion pour ce rassemblement anti-Uber. Son porte-parole, Guy Chevrette, était furieux et a accusé l’entreprise de faire du «guidounage».
«Je comprends bien. Ils ont raison d’être fâchés. Il n’y a pas eu d’influence de résultats, mais ça regarde mal dans l’opinion publique. C’est pour ça que c’est la dernière fois qu’on fait ce genre de truc», a lancé M. Giguère, qui fait son mea culpa.