Hugo Lévesque s'est retrouvé à une dizaine de mètres des flammes incontrôlables de Fort McMurray, une ville qu'il considère depuis dix ans comme sa maison.
Deux fois par mois, il s'y rend pour travailler comme opérateur de machinerie lourde. Mardi après-midi, il venait tout juste d'atterrir lorsqu'il a vu l'ampleur du brasier.
«J'ai regardé dans l'autobus si j'étais le seul à réagir de cette manière. Je voyais qu'il y avait des personnes qui étaient baissées. On entendait un gros son sourd. On courait et il y avait des cendres qui volaient», décrit-il.
Le chaos se profilait devant lui, un désordre qui est rapidement devenu un état de panique généralisé.
«Il y en a qui ont embarqué dans des boîtes de “pick-up”. Sauve qui peut. Les gens n’avaient pas vraiment de destination précise», poursuit-il.
Un inconnu l'aide finalement et le fait monter dans sa voiture pour fuir le feu vers Anzac.
«J'ai vu une voiture dans la rue, un gars en panique qui cherchait une place où aller. J'ai crié, j'ai dit: “Si tu as un siège pour moi, j'embarque!” Personne n’avait le contrôle sur rien. Les flammes n’étaient pas contrôlées, le monde virait fou.»
La conjointe d'Hugo, restée à Québec avec leurs enfants, a vécu des heures d'angoisse aussi en assistant à distance au drame.
«Quand il m'a dit: “Il faut que je raccroche, il faut que je parte à courir”, il était dans l'autobus. Mais là, j'ai eu peur. Je me suis dit que c’était la dernière fois que je le voyais».
Ils sont plus de 80 000 résidents à avoir été forcés vers l’évacuation. L'endroit où habite normalement Hugo sert, aujourd'hui, de camp d'urgence pour les sinistrés. Il ne sait pas dans quel état il retrouvera la ville à son retour.
Une certitude demeure toutefois pour Hugo: il veut retourner à Fort McMurray dans les prochaines semaines pour donner un coup de main afin de reconstruire la ville décimée.