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Une fête douce amère pour les mères sinistrées de Fort McMurray

Un gars costaud a bondi de son siège en proférant un juron dimanche dans un centre d'évacuation des sinistrés des feux de Fort McMurray avant d'aller quémander quelques marguerites à une secouriste en train d'en distribuer aux mamans.

«C'est la fête des Mères et elles ont besoin d'être honorées quoi qu'il arrive», explique Laura Pereira qui a pour l'occasion abandonné son équipe de pompiers dans la ville de l'Alberta dévastée par les feux démarrés il y a tout juste une semaine.

«Je sais que c'est une fête des Mères douce amère pour toutes les mamans de l'Alberta, alors que vous n'êtes pas à la maison », a posté la première ministre d'Alberta Rachel Notley sur son compte Twitter.

Dans les centres d'accueil des évacués, les volontaires ont improvisé une surprise pour les mamans et leurs enfants souvent attristés d'avoir dû partir si précipitamment faute d'avoir pu emmener les dessins ou d'autres petits cadeaux préparés à l'école.

À Lac La Biche, environ 300 kilomètres au sud de Fort McMurray, de simples petits gestes comme offrir des fleurs ou des cupcakes ont dessiné, l'espace d'un instant, un sourire sur des visages fatigués et angoissés.

«Cette fête des Mères a été très différente et plus difficile parce que nous ne sommes pas à la maison», confie à l'AFP Simonette Agarin. Sean, son fils de 8 ans, est un peu triste, il avait prévu d'offrir une carte à sa maman, mais il a dû partir de toute urgence de son école quand l'ordre d'évacuation a été donné en début de semaine.

À une autre table, Darren et Colleen Todd tentent désespérément de persuader Chase, leur fils de deux ans, de manger son «délicieux bacon» pendant que leur bébé de 11 mois mâchouille ses fruits.

«La vie n'a pas changé de la routine quotidienne», raconte Darren Todd en expliquant, dans un rire, que «si Chase a appris à aller sur le pot, il a maintenant la diarrhée». La famille a évacué Fort McMurray avec son énorme caravane permettant un peu d'intimité et de confort, et pour Chase «c'est juste une aventure», ajoute Darren.

D'autres en revanche partagent des lits de camp ou des espaces exigus dans des centres d'évacuation de fortune comme Christy Klima arrivée dans la nuit de dimanche avec un groupe escorté par la police à travers les ruines de Fort McMurray.

Comme 25 000 autres, elle a été prise au piège en tout début de semaine quand la route du nord était la seule échappatoire de l'enfer du feu.

Ses deux fils sont grands et loin de l'Alberta, mais les mères qui l'accompagnent sont heureuses que leurs jeunes enfants, qui dormaient dans la voiture, n'aient pas vu les paysages de désolation et les maisons incendiées sur des kilomètres, de peur qu'ils ne fassent des cauchemars.

«Je n'ai pas pensé à la fête des Mères», confie Christy Klima, le dos voûté par le poids des épreuves. Sa maison a brûlé, elle n'a aucune idée de son avenir et elle a appris il y a trois jours que son père avait été hospitalisé en urgence dans la province voisine de la Saskatchewan pour des douleurs soudaines et violentes dans la poitrine.

«Je pensais que je m'en tirais pas mal avant ces catastrophes. Tout me tombe dessus en même temps». Malgré ses propres déboires, une fleur jaune à la main, Christy Klima pense aussi au sort des autres évacués.

«L'économie va si mal depuis plus d'un an (avec la chute du pétrole) et maintenant ces incendies, je suis inquiète pour les jeunes familles».

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