Les flammes n'ont pratiquement pas endommagé les sites d'exploitation des sables bitumineux de l'Alberta mais l'évacuation de la population entière de Fort McMurray, ville pétrolière du nord de cette province, retardera significativement la relance de la production de pétrole.
Le gigantesque incendie est entré dimanche dans sa deuxième semaine. Si les autorités ont fait état d'un certain optimisme sur leur capacité à maîtriser le brasier, les cours du pétrole ont bondi lundi matin dans les premiers échanges en Asie.
Vers 23h30 dimanche, le contrat sur le brut léger américain WTI gagnait 1,72% à 45,43 dollars US le baril. Le Brent progressait de 1,12% à 45,88 dollars US.
Une dizaine de compagnies exploitant les sables bitumineux ont été contraintes de réduire leurs opérations. Résultat, près de la moitié de la production de brut de la région a été mise à l'arrêt, soit un million de barils par jour selon des estimations de Reuters.
Les sites eux-mêmes n'ont pratiquement pas été touchés par les flammes. Mais de nombreux ouvriers ont quitté la région dans le cadre des évacuations massives ordonnées par les autorités provinciales.
«C'est l'élément humain», note Mark Routt, chef économiste pour l'Amérique de KBC Advanced Technologies à Houston. «Quand un agent et sa famille doivent être évacués, même si le site est en bon état, que fera cet agent ? Il faut aussi des êtres humains pour faire fonctionner les installations», ajoute-t-il.
À ce stade, deux à trois semaines seront nécessaires avant de pouvoir relancer la production, dit-il. Mais si la situation change et que des flammes ravagent plusieurs sites majeurs, il faudra alors compter en mois, prévient-il.
Pour l'heure, un seul site de production de sables bitumineux, géré par Nexen, une filiale de CNOOC à Long Lake, a subi des dégâts matériels limités.
Les pompiers avaient bon espoir dimanche de tenir les flammes à l'écart du site de Suncor Energy situé au nord Fort McMurray. La compagnie a renforcé ses protections anti-incendie et des bulldozers ont dégagé une «barrière anti-feu» en arrachant les arbres et autres végétaux tout autour du site. «Nous avons sur place une équipe expérimentée et formée et des technologies de surveillance pour protéger nos employés et nos biens», assure Paul Newmarch, porte-parole de Suncor.
Sur le site Horizon de la compagnie concurrente Canadian Natural Resources, où les installations ont été sciemment construites à distance de l'orée des forêts, une quarantaine de pompiers sont à pied d'oeuvre, avec plus de 60 ouvriers près à leur prêter main forte si nécessaire.
Les sables bitumineux de l'Alberta représentent les troisièmes réserves de brut au monde.