Dès le mercredi 1er juin, l’entrée en vigueur de la nouvelle grille tarifaire entourant la rémunération des médecins omnipraticiens va mettre en péril les examens annuels pour les personnes en bonne santé.
«Ce qu’on veut enlever, c’est la systématisation d’aller à chaque année chez le médecin quand le patient n’a aucun élément nouveau», a expliqué Louis Godin, président de l’Association des médecins omnipraticiens du Québec, en entrevue avec Mario Dumont.
L’examen complet majeur, mieux connu sous le nom d’examen annuel ou examen de routine, cède sa place aux visites de suivi et aux visites ponctuelles mineures, beaucoup moins rémnumérées qu’autrefois, pour les patients sans condition de santé particulière.
Le tarif d’une visite de suivi pour une personne âgée de moins de 80 ans, non vulnérable, sera maintenant de 30,85 $ pour un médecin en CLSC ou en UMF et de 41 $ pour un médecin en cabinet.
«Les recommandations des différentes sociétés sont claires: pour certaines catégories de patients, les gens malades, vulnérables, qui ont des maladies chroniques, les examens annuels ne sont pas juste utiles, ils sont nécessaires», a assuré M. Godin.
Les tarifs pour les visites périodiques pour ces patients vulnérables s’élèveront quant à eux jusqu’à 123,45 $ dans certains cas.
«On voulait avoir une relativité entre avoir un examen annuel chez une personne malade et une personne qui ne l’est pas dans la rémunération», a précisé le président de l’Association des médecins omnipraticiens du Québec.
C’est que l’examen de routine d’une personne en santé prend souvent moins de temps que celui d’une personne malade, atteinte d’une maladie chronique ou avec des antécédents de santé importants.
Selon Louis Godin, l’Association des médecins omnipraticiens du Québec a profité de l’implantation de cette nouvelle nomenclature pour rendre l’examen annuel chez les personnes en bonne santé moins systématiques, sans toutefois enlever la possibilité de le faire pour les Québécois.
Un risque pour l’accessibilité?
Louis Godin est clair: la nouvelle grille tarifaire ne changera rien à l’accessibilité à un médecin.
«Si j’ai moins d’examens faits pour des situations pas nécessairement pertinentes et que je consacre ce temps-là à des gens plus malades, j’augmente l’accessibilité à ceux qui en ont le plus besoin», a expliqué le président de l’Association des médecins omnipraticiens du Québec.
Des économies?
Paul Brunet, président du Conseil pour la protection des malades, émet des réserves quant à la nouvelle grille tarifaire.
«Pourquoi il n’y a pas de chiffres de soumis sur les économies qu’on va faire, soit en argent ou en temps», s’est demandé M. Brunet, en entrevue avec Mario Dumont.
Selon M. Brunet, les examens annuels dans les cabinets privés sont encouragés tandis que ceux dans le système de santé public sont en voie de disparaître pour les personnes en santé.
«L’argent qu’on va économiser c’est pour la mettre ailleurs ou payer plus les médecins», s’est interrogé le président du Conseil pour la protection des malades.
Paul Brunet craint que l’on envoie des messages contradictoires à la population: d’un côté, la fin des examens annuels systématiques, de l’autre, des examens réguliers pour dépister certaines conditions médicales et dépister des cancers.
«Est-ce que l’examen aux deux ans peut servir de compromis pour éviter qu’on soit rendu trop loin dans l’état d’une maladie», a suggéré M. Godin.