Le gouvernement Couillard doit cesser de se traîner les pieds et exiger qu’Ottawa vienne en aide à Bombardier, ont réclamé les partis d’opposition mardi.
«On a la désagréable impression que le gouvernement du Québec ne fait pas suffisamment de pressions sur le fédéral pour qu’il mette ses billes lui aussi et qu’il investisse également dans le dossier de Bombardier», a déclaré le chef par intérim du Parti québécois, Sylvain Gaudreault, qui invite les libéraux provinciaux à «se tenir debout».
Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a quant à lui dénoncé la «nonchalance» du premier ministre Philippe Couillard dans le dossier de l’aide fédérale à Bombardier. M. Legault a soutenu qu’il n’était «pas normal» qu’Ottawa n’ait pas encore volé au secours de l’avionneur québécois.
«On est prêt à appuyer [Philippe Couillard], on est prêt à aller avec lui à Ottawa, mais qu’il commence à montrer un peu de combativité et qu’il sorte de sa nonchalance», a-t-il exigé.
Interpellé en chambre, Philippe Couillard a accusé ses adversaires de chercher à se poser en défenseurs de Bombardier, alors qu'ils se sont opposés à l’aide de 1,3 milliard $ accordée par Québec pour soutenir la CSeries.
«C'est comme si, depuis le début, [le PQ] et la deuxième opposition étaient enthousiastes pour soutenir Bombardier, la série C. On a été seuls à le faire dans cette Assemblée pendant des semaines de temps. Ils ont été les alliés objectifs des compétiteurs de Bombardier, ça a été connu, ça a été dit, ça a été vu partout», a déclaré le premier ministre.
Son cabinet a d’ailleurs tenu à rappeler que Philippe Couillard a exigé à plusieurs reprises qu’Ottawa accorde à l’industrie aéronautique québécoise le même soutien qu’il a consenti à l’industrie automobile ontarienne.
Les chefs du PQ et de la CAQ se disent inquiets d’apprendre que l’État québécois pourrait être privé de rendements intéressants sur son placement de 1,3 milliard $ dans la CSeries.
«Le Soleil» a rapporté mardi que dans l’éventualité d’un engouement marqué pour l’avion de Bombardier, l’entreprise pourrait alors racheter les parts du gouvernement moyennant des intérêts de 3 % ou 4 %, privant ainsi l’État d’une part importante des profits que devrait lui rapporter son investissement.
«C’est préoccupant, vous savez, c’est comme si le gouvernement improvisait avec l’argent des Québécois sur le coin de la table, sans rendement intéressant pour les Québécois. Je trouve ça profondément troublant», a réagi Sylvain Gaudreault.
François Legault a abondé dans le même sens en mentionnant qu’après avoir pris un «risque important» en investissant dans la CSeries, le Québec doit «être capable, si ça va bien, de faire des profits».
«Ça [voudrait] dire que si la Série C va mal, le gouvernement du Québec perd, et si la Série C va bien, c'est Bombardier qui gagne, ce n'est pas le gouvernement, ce ne sont pas les contribuables», s'est indigné M. Legault.
Philippe Couillard n’a pas voulu fournir de renseignements sur les conditions de rachat qui ont été négociées avec Bombardier dans le cadre de l’aide allouée par Québec.
«Il s’agit de négociations commerciales qui sont actuellement en cours, et ce serait irresponsable de ma part [d’en divulguer les détails]», a-t-il dit.