Le gouvernement Couillard est en grande partie responsable de la crise «grave» qui sévit actuellement dans les centres jeunesse (CJ), dénonce le Parti québécois, qui réclame le rétablissement entier de leur financement et de leur autonomie.
Le porte-parole péquiste en matière de protection de la jeunesse, Jean-François Lisée, a indiqué mardi qu’il partageait le constat alarmant dressé par André Lebon, l’expert mandaté par Québec pour faire la lumière sur les problèmes de fugues dans les CJ.
Dans une entrevue accordée à «La Presse», M. Lebon affirme que les centres jeunesse traversent une véritable crise qui les empêche de remplir adéquatement leur rôle de réadaptation et d’accompagnement des jeunes en difficulté.
Contraintes budgétaires, roulement de personnel, «préséance des aspects légaux sur les aspects cliniques», perte d’autonomie, absence de suivi, manque de soutien clinique : les centres jeunesse ont besoin d’un sérieux coup de barre, si on en croit André Lebon.
«La réadaptation a perdu son sens», a-t-il confié.
Ses observations ont trouvé écho chez le Parti québécois, qui soutient que le bilan du gouvernement libéral en matière de protection des jeunes est «accablant».
«Le problème des fugues, le problème du manque de suivi, le problème du roulement de personnel, ce sont des symptômes d'une crise grave qui a plusieurs causes, elles ne sont pas toutes liées à l'action gouvernementale libérale, mais c'est clair que le gouvernement Couillard a aggravé les choses», a soutenu Jean-François Lisée.
Le député de Rosemont réclame l’annulation des coupes de 20 millions $ dans les centres jeunesse et le rétablissement immédiat des montants alloués à la prévention du suicide. M. Lisée n’en revient tout simplement pas que des intervenants en soient rendus à offrir du soutien psychologique par téléphone, sans rencontrer le jeune en personne, comme le rapporte «La Presse».
«Ça n’a pas de sens. On lit ça et on se dit: “Ça ne se peut pas qu’il y ait quelqu’un au ministère de la Protection de la jeunesse qui ait autorisé cette distance néfaste entre un jeune qui pense se suicider et la personne qui est censée le convaincre de ne pas le faire.” C’est ahurissant», s’est insurgé M. Lisée.
À l’instar d’André Lebon, il souhaite la convocation d’états généraux sur les centres jeunesse pour identifier des pistes de solution qui pourront être incluses dans la refonte de la Loi sur la protection de la jeunesse, prévue à l’automne.
Plaidant que «la centralisation a ses limites», Jean-François Lisée demande également un amendement à la Loi 10 afin de redonner aux centres jeunesse leur autonomie.
«Les centres jeunesse, ce n'est pas un hôpital, ce n'est pas un CLSC, ce n'est pas un GMF. Ça a une mission particulière, ça ne doit pas être fusionné avec le grand tout de la réforme Barrette. S'il y a quelqu'un qui doit avoir de l'autonomie, ce sont les centres jeunesse», a-t-il fait valoir.
La ministre réagit
Interpellée à l’Assemblée nationale, la ministre déléguée à la Protection de la jeunesse, Lucie Charlebois, a reconnu que des problèmes existaient au sein des CJ. Elle a toutefois assuré que son gouvernement était déterminé à les résoudre.
La ministre a tenu à rappeler qu’elle avait déjà répondu à certaines recommandations d’André Lebon en faisant de la prévention des fugues une priorité nationale et en incluant la problématique de l’exploitation sexuelle dans le projet de loi 99 modifiant la Loi sur la protection de la jeunesse.
«Je n’ai pas demandé un rapport juste pour le mettre sur la tablette puis ne pas en tenir compte. C’est évident que M. Lebon a une expertise que j’entends respecter», a insisté Lucie Charlebois.