La congestion routière fait perdre 25 % plus de temps aux camionneurs qui doivent se déplacer à travers la dictature des cônes orange qui envahissent Montréal et ses banlieues nord et sud.
Diverses études estimaient, en 2015, les impacts économiques du manque de fluidité sur les routes à 1,7 milliard $.
« Cette donnée ne tient pas compte de la perte de productivité des travailleurs, du coût du temps supplémentaire non récupérable et de l’impact sur les prix à la consommation », déclare le président-directeur général de l’Association de camionnage du Québec, Marc Cadieux.
D’autres coûts, difficiles à chiffrer clairement, s’y ajoutent : l’usure des équipements, la perte inutile de carburant, l’achat de logiciels ultra perfectionnés pour organiser les routes des chauffeurs et la réorganisation constante des déplacements planifiés. Ceci sans parler de la hausse de production de gaz à effet de serre dans l’atmosphère montréalais.
Pas dans le trafic
« L’impact le plus évident est la difficulté de faire du recrutement de la main-d’œuvre. Les chauffeurs ne sont plus séduits par la livraison locale. Ils ne veulent pas gérer le stress croissant avec la clientèle mécontente de ses retards de livraison », poursuit Marc Cadieux.
De nombreux chauffeurs ne supportent plus, également, les irritants causés par le partage de la route avec les automobilistes, les piétons et les cyclistes.
En conséquence, des entreprises incluent dans leurs ententes de livraison des clauses qui pénalisent les camionneurs qui ne livrent pas les marchandises selon les horaires prévus.
Livrer 24 heures par jour
L’Association du camionnage du Québec aimerait bien que les municipalités révisent leurs réglementations pour permettre la livraison en dehors des heures régulières de travail.
« La livraison de nuit ne fait pas partie de nos mœurs. Mais c’est certain que ça aiderai à décongestionner les routes », suggère Marc Cadieux.
L’entreprise Ovation, qui fait de la livraison de marchandises pour de grands détaillants, croit que la livraison 24h/24 rencontrera toujours beaucoup de problèmes avec le voisinage.
Elle a plutôt choisi de créer des horaires de livraison s’échelonnant sur deux heures, afin de mieux gérer les déplacements des camions dans la grande région de Montréal.
« Ça facilite le travail et ça évite à nos chauffeurs de travailler le soir. Ça aide au recrutement », explique le pdg Claude Boilard.
Application mobile
En décembre 2015, CargoM, la Grappe métropolitaine de logistique et transport de Montréal, lançait une application mobile pour téléphone, tablette et ordinateurs qui fournit des données cartographiques sur la circulation en temps réel.
Le 6 mai, CargoM y ajoutait un outil de routage en version beta, qu’elle testera tout été avec des employés de la voirie de Montréal et ses membres.
« On planifie rendre le système accessible à tous en 2017, mai il nous manque d’argent », explique le directeur général, Mathieu Charbonneau, qui ne cache pas vouloir séduire un commanditaire et puiser dans le Fonds Vert du gouvernement.
En attendant, CargoM travaille sur d’autres solutions.
Depuis mai dernier, des travaux de construction de bretelles d’entrée et de sorties au Port de Montréal sont en cours de construction, afin d’accélérer le lien vers l’autoroute 25, sans que les camionneurs aient à circuler sur les rues municipales majeures, comme la rue Notre-Dame.
« On y gagne 15 minutes », se réjouit le dg de CargoM.