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Le grand patron des Affaires internes du SPVM visé par une enquête criminelle

Le numéro un des enquêtes spéciales du SPVM, l’inspecteur Costa Labos, est visé par une enquête criminelle. L’inspecteur est soupçonné d’avoir menti afin d’obtenir un mandat de perquisition chez le policier Roger Larivière.

L’histoire commence le 9 octobre 2014 alors que le policier Larivière est attablé au restaurant Eldorado de l’avenue Mont-Royal avec le commentateur en Affaires policières Stéphane Berthomet. Malheureusement pour lui, des collègues du SPVM se trouvaient au même restaurant et l’ont pris en photo croyant qu’un de leur semblable livrait des informations confidentielles à Berthomet.

Pourtant, la rencontre entre les deux hommes avait, semble-t-il, un tout autre objectif. Le sergent-détective affecté à la section des fraudes financières avait trouvé une oreille attentive pour parler la situation intenable au SPVM dans laquelle il se trouvait depuis une dizaine d’années.

En simple, il s’agissait d’une histoire de plaintes, l’une pour violence conjugale et l’autre pour bris de conditions portées contre lui par son ex-conjointe, aussi membre des forces de l’ordre. Dans le premier cas, il a été acquitté, dans le deuxième, le Directeur des poursuites criminelles et pénales a décidé de ne pas porter d’accusations. Cette mésaventure lui a vraisemblablement coûté sa réputation au sein de la police.

Perquisition

Après sa rencontre avec Berthomet, Roger Larivière est mis sous filature et un juge ordonne une perquisition à son domicile ainsi qu’à son lieu de travail sous le prétexte qu’il aurait eu accès (et peut-être transmis) des documents d’enquête confidentiels.

Afin d’avoir ce mandat de perquisition en main, il fallait d’abord que Costa Labos convainque le juge avec des motifs raisonnables. Le haut gradé est soupçonné d’avoir menti au juge en affirmant que le policier Larivière avait consulté des documents secrets auxquels il n’avait pas accès alors, qu’en vérité, la consultation de ces documents était routinière pour Larivière.

Le haut gradé du SPVM fait l'objet d'une enquête pour avoir «truqué la vérité afin de perquisitionner et procéder à une véritable partie de pêche» au domicile de Larivière, selon des rapports légaux liés à l’enquête en cours consultés par notre Bureau d’enquête.

Les soupçons qui pèsent sur l’inspecteur sont assez sérieux pour que le ministère de la Sécurité publique ait ordonné à la section des Normes professionnelles de la Sûreté du Québec, la tenue d’une enquête criminelle.

Le haut gradé relève directement du directeur du SPVM, Philippe Pichet. Ce dernier vient même de lui accorder une promotion en le faisant graduer de commandant à inspecteur.

Ironiquement, Costa Labos dont le travail est, essentiellement, d’enquêter sur des policiers fait l’objet de la même médecine, mais de ses vis-à-vis de la SQ par souci de transparence.

Le capitaine Guy Lapointe de la Sûreté du Québec a refusé de confirmer ces informations à notre Bureau d’enquête.

Quant à Labos, il est toujours à l’emploi du SPVM et ne fait l’objet d’aucune mesure administrative selon nos informations.

Méthode controversée

Le policier Labos a eu un parcours mouvement au sein de l’organisation qui l’a récemment promu.

En 1998, il faisait partie d’une équipe de six policiers qui ont perquisitionné la résidence d’Evripidis Georgiou et sa femme sur le Plateau Mont-Royal afin de retracer le fils de celle-ci.

Lorsque la femme a affirmé au constable Labos que leur fils n’était pas à la maison, celui-ci lui aurait lancé «Shut up you bitch!» avant de pointer son arme de service en direction du mari de la pauvre femme.

L’incident a valu à Labos quatre jours de suspension décrétés par le Comité de déontologie policière qui s’insurgeait du caractère «injustifié» de l’intervention de Labos.

Menacer une source

Le 27 janvier 2014, alors que Labos était commandant aux affaires spéciales, il aurait également menacé une source codée du SPVM.

Le rapport de police, écrit par l’enquêteur Yvan Fortier et transféré à la section des renseignements du SPVM, affirme que Labos s’est présenté dans un café-bar de la rue Liège dans le quartier Parc-Extension et est allé voir une femme avec qui se trouvait l’informateur.

Selon nos informations, il aurait dévoilé à cette dame que l’individu était dangereux, car il été informateur et risquait de se faire tuer. Ce genre de comportement semble aller à l’encontre de la directive PL 311.1 sur le contrôle des informateurs du SPVM qui dit ceci: «il doit s’assurer que toutes les mesures soient prises afin de protéger, en tout temps, l’identité d’un informateur.»

La source a été victime de menace de mort, le 4 février suivant l’événement. Celui-ci s’est produit devant plusieurs clients de l’établissement fréquenté par le crime organisé.

Suspension de Labos réclamée

Projet Montréal demande au chef Pichet de «prendre ses responsabilités» et de relever temporairement Costa Labos de ses fonctions.

«Je trouve ça très inquiétant, très troublant. Cela a toutes les apparences d’une chasse aux sorcières de la part de la haute direction du SPVM. S’il est vrai que le directeur des enquêtes internes du SPVM a menti à un juge, il n’est pas à sa place dans la police et encore moins à la direction des enquêtes internes», a fait savoir le conseiller d’opposition et vice-président, commission de la sécurité publique de Montréal, Alex Norris.

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