Les cas de leurres d’enfants sur internet sont en hausse fulgurante au Québec, Selon les plus récentes données du ministère de la Sécurité publique (MSP).
Les corps policiers de la province ont enregistré 413 cas de leurre d’enfant au moyen d’un ordinateur en 2014, comparativement à 246 infractions en 2013. Il s’agit d’une augmentation de 67,8 %.
La hausse du nombre de victimes est encore plus notable. En 2014, 357 enfants ont signalé avoir été l’objet d’un leurre, comparativement à 196 l’année précédente. Cela représente une croissance de 82,1 %.
Les jeunes filles, dans une proportion de 77,5 %, sont les principales victimes des leurres au moyen d’un ordinateur. Près d’une victime sur deux (45,6 %) est une adolescente âgée de 12 à 14 ans.
Dans 30,8 % des cas de leurre d’un enfant, l’auteur présumé est un étranger, tandis qu’il s’agit d’une connaissance dans 19 % des cas.
Les avancées technologiques en cause
Selon le MSP, la hausse pourrait être en partie attribuable au développement des technologies de l’information, qui sont de plus en plus accessibles, tant pour les prédateurs sexuels que pour leurs victimes.
La formation d’escouades policières spécialisées dans la cybercriminalité, la sensibilisation du public et la mise en place de programmes et de services nationaux, comme le site Cyberaide.ca, qui permettent d’effectuer des signalements en ligne, pourraient également expliquer la croissance du phénomène.
Miser sur l’éducation
Pour prévenir les cas de leurre d’enfants au moyen d’un ordinateur, Thierry Plante, spécialiste en éducation aux médias chez Habilo Médias, recommande aux parents de miser sur l’éducation.
«En plus d’enseigner aux jeunes des compétences en pensée critique pour tout ce qui concerne internet, il faut leur apprendre ce qu’est une relation saine et à quoi ressemble une relation malsaine. Ça va avoir un effet considérable sur la propension de l’enfant à répondre ou non aux avances d’un prédateur», a expliqué M. Plante en entrevue avec l’Agence QMI.
Il recommande également aux parents de demeurer vigilants par rapport à la façon dont leur enfant utilise internet et aux moyens qu’il utilise pour s’y connecter.
«Ce qui est un peu paradoxal, c’est que c’est habituellement au début de l’adolescence que les parents commencent à lâcher prise pour ce qui est de la surveillance et de l’accompagnement dans l’utilisation des technologies, alors que c’est à cet âge-là qu’ils sont le plus vulnérables», a soutenu Thierry Plante.
Entretien avec Thierry Plante, spécialiste en éducation aux médias chez Habilo Médias
Quels sont les enfants les plus à risque d’être victime d’un leurre sur internet?
- Les jeunes âgés entre 13 et 17 ans, surtout les filles, sont plus à risque. Il y a également les jeunes qui sont homosexuels ou qui se questionnent sur leur sexualité, en particulier les garçons, ceux qui ont des relations très difficiles avec leurs parents ou leur tuteur, les jeunes qui sont victimes de violence domestique, qu’elle soit sexuelle ou non, et ceux qui ont une très faible estime de soi.
Que cherchent-ils?
- Les jeunes qui ont des relations difficiles avec leurs parents vont rechercher l’affection et l’attention d’un adulte. Ils croient pouvoir trouver une vraie relation d’amour sur internet. Il y a aussi des jeunes qui ont le goût de l’aventure, du risque et qui souhaitent explorer un peu n’importe quoi sur internet.
Qu’est-ce que les parents peuvent faire pour protéger leurs enfants?
- Il faut aussi montrer aux jeunes des compétences dans toutes sortes de domaines, savoir gérer les différentes situations en ligne. Les parents doivent aussi agir selon l’âge et le stade de développement de leur enfant.
Faut-il interdire l’utilisation des ordinateurs et autres moyens de se connecter à internet?
- L’interdiction ne donne à rien, puisque le jeune, tôt ou tard, va se retrouver en ligne. Il faut plutôt miser sur l’éducation et être très présent et conscient de l’utilisation que les jeunes font de tout appareil pouvant se brancher à internet, y compris les consoles de jeux.
Évolution du nombre de cas de leurre d’enfants au Québec, 2002-2014
2014: 413
2013: 246
2012: 155
2011: 126
2010: 121
2009: 136
2008: 80
2007: 41
2006: 23
2005: 13
2004: 10
2003: 7
2002: 2
Source: ministère de la Sécurité publique du Québec