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Theresa May poursuit la composition de son gouvernement

Pressée de mettre rapidement en oeuvre le Brexit, la nouvelle première ministre britannique Theresa May poursuivait jeudi la composition de son gouvernement après avoir créé la surprise, voire la polémique, en nommant l'excentrique Boris Johnson aux Affaires étrangères.

Investie mercredi, moins de trois semaines après le vote britannique en faveur d'une sortie de l'UE, cette conservatrice de 59 ans s'est engagée à «relever le défi» du Brexit tout en promettant «la justice sociale» pour les Britanniques.

Le divorce avec l'UE constitue une mission titanesque pour le nouvel exécutif qui devra rapidement répondre aux exigences de ses voisins européens, tout en tenant la barre d'un pays que le référendum du 23 juin a laissé profondément divisé et exposé aux turbulences économiques.

«Plus tôt la première ministre Mme May engagera la procédure de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, meilleure sera la relation future entre l'Europe et le Royaume-Uni et meilleure sera notre propre situation», a souligné le président français François Hollande.

La 54e chef du gouvernement britannique, première femme à ce poste depuis Margaret Thatcher, est une eurosceptique qui avait rejoint le camp du maintien dans l'UE pendant la campagne référendaire. Elle n'a pas dévoilé son calendrier lors de sa première allocution dans ses nouvelles fonctions, mercredi en fin de journée.

Signe du travail à accomplir, Mme May a créé un ministère spécialement dédié au Brexit, mais c'est surtout la désignation de Boris Johnson aux Affaires étrangères qui retenait l'attention.

Rares sont ceux qui auraient misé sur l'ancien maire de Londres et champion des Brexiters après qu'il eut renoncé à briguer le poste de premier ministre. C'était sans compter l'ambition dévorante du député conservateur de 52 ans, pourtant connu pour ses impairs diplomatiques.

«Boris rebondit !», lançait jeudi le Daily Mail, quand le Daily Mirror - qui affichait en Une une célèbre photo de M. Johnson coincé sur une tyrolienne - se désolait en ces termes: «Cher monde... Pardon».

Le choix de Mme May de lui confier ce poste est, selon le ministre des Affaires étrangères français Jean-Marc Ayrault, «révélateur de la crise politique britannique».

«Dans la campagne, il a beaucoup menti aux Britanniques», a-t-il dit. Maintenant, «il ne s'agit pas d'en rester là», a-t-il poursuivi, il faut «se mettre dans les conditions les meilleures pour que la sortie de l'Union européenne par la Grande-Bretagne se fasse dans les bonnes conditions».

Pour l'expert politique Simon Usherwood cependant, si «BoJo» devra certainement présenter «quelques excuses», en tant que «VRP britannique, il va faire un boulot formidable».

Sur le front économique, le nouveau ministre des Finances, Philip Hammond (ex-Affaires étrangères), a assuré qu'il n'y aurait pas de budget d'urgence, et donc pas de nouvel accès d'austérité.

Interrogé à l'antenne de la BBC quant à l'attitude qu'il adopterait vis-à-vis de Bruxelles dans les complexes négociations qui s'annoncent avec l'UE, M. Hammond a insisté sur l'importance de maintenir un «accès au marché unique de l'Union européenne» pour la puissante industrie financière britannique.

La Banque d'Angleterre (BoE) a maintenu de son côté son taux d'intérêt à 0,50%, malgré le Brexit, mais la plupart des membres de son comité de politique monétaire s'attendent à un assouplissement en août.

De nombreux investisseurs avaient anticipé un assouplissement monétaire, ce qui a conduit la livre à monter franchement face au dollar et à l'euro après cette décision.

Côté ministres, Theresa May s'est débarrassée de deux poids lourds du gouvernement de David Cameron: son ministre des Finances George Osborne, dont le départ a été annoncé dès mercredi soir, et Michael Gove, son ministre de la Justice et un des ténors de la campagne du Brexit. Le portefeuille de ce dernier a été confié Liz Truss, auparavant secrétaire d'État à l'Environnement, à l'Alimentation et aux Affaires rurales.

George Osborne est lui remplacé par Philip Hammond, dont l'expérience a semblé rassurer les marchés.

Un autre poste annoncé jeudi matin, celui de ministre de l'Éducation, a été confié à Justine Greening. Cette ancienne secrétaire d'État au Développement international est une proche de Mme May et avait défendu le maintien dans l'UE pendant la campagne référendaire.

Jeremy Hunt reste ministre de la Santé.

Fille de pasteur, réputée pour sa pugnacité, mais aussi pour une certaine froideur, Theresa May a succédé à David Cameron, balayé par la tempête du référendum du 23 juin qu'il avait lui-même décidé d'organiser.

Dans un éditorial intitulé «Nouveau Premier ministre, mêmes problèmes», le quotidien The Guardian résumait jeudi les défis qui attendent Mme May: «Pas d'argent, pas de franche majorité et une grosse migraine: l'Europe».

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