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Fierté dans le quartier du président Erdogan à Istanbul

«Tant qu'Erdogan est président et en vie, tout ira bien»: à Kasimpasa, le quartier d'Istanbul où est né le président turc, son barbier et ami Hayri Goz exprime en quelques mots le soulagement et la fierté des habitants, après l'échec du coup d'État.

Pas une voix ne s'élève, dans ce quartier situé sur les rives de la Corne d'or, pour regretter l'échec du putsch. Beaucoup se souviennent au contraire de la peur ressentie à l'idée d'un renversement de l'homme fort du pays.

Pas question ici de prêter oreille aux détracteurs du chef d'État, qui lui reprochent ses attaques contre la liberté de la presse et un usage immodéré de la violence contre les Kurdes, ou l'accusent de faire de la Turquie une cible du terrorisme.

«Qui ne serait pas heureux?», lance Fikri Kansiz, à la mosquée locale Sirkeci Muslihiddin. «J'aime Erdogan, je suis heureux qu'il ne soit pas parti. Il est bon pour la Turquie», ajoute cet imam, originaire du berceau de la famille d'Erdogan dans le nord anatolien.

«C'est un homme qui aime son pays, et nous l'aimons», surenchérit M. Goz, qui partage une tasse de thé avec ses collègues.

Il raconte que sa peur s'est dissipée, dans la nuit dramatique du putsch, quand le président «a parlé», appelant les Turcs à descendre dans les rues pour faire échouer le putsch.

Il a répondu en famille en cet appel et reste bien décidé à continuer à battre le pavé tant que cela sera jugé nécessaire par le pouvoir.

Le succès rencontré par l'appel d'Erdogan à la mobilisation populaire, qui a jeté des milliers de Turcs dans les rues pour défaire les mutins, est considéré comme ayant été déterminant pour l'échec du putsch.

Tous les soirs depuis, la place centrale du quartier est noire de monde, sous une forêt de drapeaux turcs, racontent des riverains.

Le barbier se dit peiné de la mort d'un compagnon de route du président, qui était aussi son client, tué avec son fils de 16 ans alors qu'il s'opposait à des soldats rebelles sur un pont du Bosphore.

En dépit de ces violences, Ozlem Esen, une jeune femme voilée, affirme ne pas avoir craint pour sa vie dans la nuit de vendredi. «J'avais peur pour le pays, mais pas de la mort».

Sans même attendre l'appel d'Erdogan, elle s'est ruée avec des milliers d'autres loyalistes à la permanence locale du Parti de la Justice et du Développement (AKP) du chef de l'État pour chasser les soldats rebelles qui y avaient pris position.

«Nous avons ensuite marché jusqu'à l'aéroport», où le président est finalement apparu, après avoir quitté précipitamment son lieu de vacances, accueilli par une foule fervente «et ne sommes rentrés dormir qu'à 7h du matin, raconte-t-elle.

Elle affirme continuer à se rendre toutes les nuits sur la place Taksim, au coeur d'Istanbul, pour y rejoindre des milliers d'autres partisans d'Erdogan, «car le coup n'est pas terminé». Le pouvoir continue de réclamer ces veilles, au nom d'une menace qui ne serait pas écartée.

«Nous protégeons notre pays», approuve sa belle-mère, Hava Esen.

Yusulf Cagiltas, qui prend le frais devant une échoppe, est lui un opposant à Erdogan. Il vote pour le Parti républicain du peuple (CHP), le principal parti d'opposition social-démocrate.

«Mais les soldats ont eu tort. Je soutiens la démocratie et je ne veux pas que le gouvernement soit attaqué», argumente-t-il.

«Je dois respecter Erdogan car c'est le président élu, même si je ne l'aime pas», raisonne-t-il.

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