Les wagons DOT-111 destinés au transport de pétrole seront mis au rancart à compter du 1er novembre prochain, ces wagons avaient été mis en cause dans la tragédie ferroviaire de Lac-Mégantic en 2013.
Le ministre des Transports fédéral, Marc Garneau, a confirmé lundi que ces wagons quitteront les rails plus tôt que prévu. Il y en a environ 28 000 en circulation au Canada et aux États-Unis. Une fois retirés, certains pourraient être modernisés, livrés à la ferraille ou encore utilisés pour transporter d’autres types de matières.
«En retirant les wagons-citernes les moins résistants aux impacts, nous continuons de moderniser la façon dont les marchandises dangereuses sont expédiées au Canada et de mieux protéger les Canadiennes et les Canadiens et leur famille qui vivent à proximité du réseau ferroviaire du Canada», a déclaré le ministre Garneau.
Le Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) a qualifié de «mesure positive» la décision du ministre Garneau.
«Nous nous attendons à ce que la prise de mesures rigoureuses se poursuive de la part de l'organisme de réglementation et de l'industrie en vue de réduire les risques associés au transport par rail de pétrole brut et d'autres liquides inflammables», a indiqué le BST dans un communiqué publié lundi soir.
L’enquête du BST sur l’accident de Lac-Mégantic avait notamment révélé que les DOT-111 étaient considérés comme fragiles et peu résistants aux chocs. Ces wagons avaient été pointés du doigt pour expliquer en partie l’ampleur de l’embrasement après le déraillement du convoi de pétrole de Lac-Mégantic en juillet 2013.
Les wagons-citernes DOT-111 transportant du pétrole brut devaient cesser de circuler le 1er mai 2017, pour ceux non munis d'une chemise (protection thermique) et le 1er mars 2018 pour les wagons munis d'une chemise. Ils seront ainsi remplacés par des wagons faits d'acier plus épais, des boucliers protecteurs, d’une protection thermique et d’un dispositif de protection des raccords supérieurs.
L’Union des municipalités du Québec (UMQ) se réjouit de ce retrait hâtif des wagons DOT-111, mais l’organisation estime qu’il reste encore beaucoup à faire pour sécuriser les rails.
L’UMQ et l’Association francophone des municipalités du Nouveau-Brunswick tiendront une journée de réflexion le 4 novembre prochain, à Edmundston, sur l’enjeu de la sécurité ferroviaire dans l’objectif de faire le point sur les améliorations en matière de sécurité ferroviaire. Le ministre Garneau a été invité à y prendre part.
D’autres utilisations
Les DOT 111 représentent environ 60 % des wagons-citernes utilisés en Amérique du Nord. S’ils cesseront de servir au transport du pétrole, ils ne disparaîtront pas pour autant du paysage.
Les compagnies de chemin de fer pourront continuer de s’en servir jusqu'en 2025 pour d'autres matières dangereuses.
«On nous dit qu'ils ne sont pas sécuritaires, mais chaque jour, ils passent dans le coeur de notre ville dévastée, remplis de propane, d'essence avec éthanol, d'acides sulfuriques et autres produits tout aussi dangereux. Ironique comme annonce, rien de très rassurant », a souligné Robert Bellefleur de la Coalition citoyenne engagée pour une sécurité ferroviaire de Lac-Mégantic.
L'annonce du ministre Marc Garneau n'est qu'un coup d'épée dans l'eau pour les Méganticois. Plusieurs affirment qu’ils ne retrouveront une paix d'esprit, que lorsqu’une voie de contournement sera construite.
Les coûts préliminaires d’un tel projet sont évalués à environ 115 millions $. Le maire Jean-Guy Cloutier en a reparlé au ministre, il souhaite accélérer le processus. Selon les perspectives initiales, la construction d'une voie de contournement, si elle est approuvée par les gouvernements, ne pourrait commencer avant 2021.
«M. Garneau m'a réitéré son appui entier, je lui ai mentionné que je souhaitais une rencontre avec le premier ministre Justin Trudeau quelque part vers la fin du printemps. Il me semble très ouvert à cette idée», a dit M. Cloutier.
-Avec Jean-François Desbiens