L’intimidation en milieu scolaire est un fléau et il peut se faire sentir sous différentes formes. Dans ce dossier-choc, des dizaines de personnes ont tenu à prendre la parole pour exposer de graves cas où l’intimidateur fait plutôt partie du personnel enseignant ou de la direction de différentes écoles du Québec.
En exclusivité, TVA Nouvelles présente différents témoignages qui dévoilent un problème répandu.
Ce désir de parler est né à la suite de la diffusion d’un reportage de TVA Nouvelles qui présentait, le mois dernier, le cas d’une jeune fille qui s’est enlevé la vie après avoir dit être harcelée par une enseignante et la direction de son école. Malgré le combat de son père, l'enquête de la commission scolaire avait conclu qu’il n’y avait pas de lien entre le suicide et le traitement qu'elle aurait reçu.
Cette histoire a soulevé les passions et plusieurs personnes ont décidé d’agir en parlant de situations vécues. Notamment, une professeure souhaite dénoncer le comportement d'une collègue dans une école secondaire. Selon elle, elle serait protégée par son directeur.
«Dans son cas, c’est souvent du non verbal malheureusement, des regards, dit-elle, mais tu comprends assez vite si cette enseignante t’aime ou pas. Des élèves ont peur de croiser son chemin, de l’avoir comme enseignante.»
Les pires années de sa vie
Roxanne Corriveau résume en quelques mots son passage au niveau secondaire: «les cinq pires années de ma vie.» Elle dit avoir été harcelée par une surveillante.
«J’ai fait plusieurs thérapies antisuicide», révèle-t-elle.
Impossible de changer de classe
Des cas présumés peuvent avoir des conséquences pour toute la famille. Par exemple, un garçon lunatique, mais pas turbulent selon sa mère, aurait subi un calvaire avec une enseignante durant une année complète.
«Mon fils m’a dit: "Maman, je ne veux plus vivre. Maman, je veux mourir", raconte-t-elle. À un moment donné, mon fils est arrivé et il m’a dit : "je me suis fait battre".»
La direction a soutenu qu’il était impossible de le changer de classe. Cette situation a duré durant une année complète.
«L’intimidation, c’est de l’intimidation. C’est juste que le professeur est une figure d’autorité et qu’il a de l’influence sur les autres élèves», affirme cet adolescent.
Forcée de changer d’école
Ailleurs, une adolescente commencera dans quelques jours sa cinquième secondaire... mais dans un autre établissement scolaire. Elle risquait d'avoir la même enseignante qui l'aurait intimidée. Studieuse, l'adolescente n'avait pas de problème, sauf avec son enseignante dans une matière en particulier.
«Au printemps, j’ai vraiment eu peur, dit sa mère. Elle avait des crises de larmes. J’avais peur d’une dépression et j’ai alerté le directeur pour ne pas qu’on se rende là.»
Tous les parents rencontrés en exclusivité par TVA Nouvelles précisent que ces cas sont des exemples, et que leurs enfants ont eu de très bons enseignants, avant et après. Cependant, les ressources pour les aider sont limitées et ils soutiennent ne pas avoir reçu de support des directions d'école ou de la commission scolaire.
Très peu d'études ont été faites sur cette problématique. Selon la chaire de recherche sur la sécurité et la violence en milieu éducatif, en 2014, 4,7 % des élèves sondés ont dit avoir subi des humiliations à répétition de la part d'un adulte dans une école secondaire.
Les personnes qui ont contacté TVA Nouvelles l’ont fait avant tout pour sensibiliser la population à ce grave problème, sans avoir peur de représailles. C’est pourquoi nous avons choisi de ne pas nommer les écoles et de respecter l’anonymat des gens qui le souhaitaient.