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Révoltés, les chauffeurs de taxi estiment avoir tout perdu

PHOTO CAROLINE LÉVESQUE/AGENCE QMI

Visiblement furieux au lendemain de l’entente de dernière minute entre Québec et Uber, les chauffeurs de taxis montréalais se disaient trahis par le gouvernement, dénonçant un système désormais «à deux vitesses».

«C’est une honte d’avoir négocié une entente sans avoir pris en compte les besoins des chauffeurs et propriétaires de taxi du Québec», s’insurge Benoit Jugand, porte-parole du Regroupement des travailleurs autonomes métallos (RTAM), alors que les chauffeurs Uber n’auront pas à payer de permis, tel que l’exige le gouvernement à l’industrie.

«On va s’en souvenir longtemps», a-t-il souligné.

Le fonds d’indemnisation proposé par Québec, alimenté par Uber autour d'un dollar par course, pour la «modernisation de l’industrie du taxi», n’est pas bien reçu dans le milieu. On exige plutôt de la part du gouvernement un dédommagement en lien avec une éventuelle dépréciation de la valeur des permis.

Selon Kamal Sabbah, du Regroupement des propriétaires de taxis (RPTM), c’est un arrêt de mort pour ses membres, étant donné la non-obligation de payer un permis qui peut coûter, pour un chauffeur montréalais, plus de 200 000 $.

«On a tout perdu aujourd’hui, souffle-t-il. C’est de l’injustice envers nous. Plus personne ne voudra racheter nos permis, car ils perdront de la valeur.»

Deux classes de transport

Le maire Denis Coderre a réagi en affirmant ne pas vouloir d’un «système à deux vitesses».

«On a peut-être le bras dans le tordeur, parce que je ne leur fais pas nécessairement confiance du côté d'Uber, a-t-il dit. Ce que je veux, c'est qu'il y ait de l'équité, de la cohérence et qu'on s'assure des antécédents criminels et de l'inspection [des véhicules].»

La seule entrevue accordée par le propriétaire de Téo Taxi, Taxi Diamond et Taxi Hochelaga, Alexandre Taillefer, sur le sujet était à l’émission «Gravel le matin», à Radio-Canada. Il s’est dit «très heureux» de l’entente, ce qui permettrait à tous les joueurs de travailler «dans un contexte égalitaire».

«Ce que Uber a réussi à faire, c’est de démontrer qu’il y avait un intérêt de la part de la population pour un service comme cela, a-t-il mentionné. Il ne faut pas se leurrer : il faut trouver une façon de pouvoir accommoder l’arrivée d’une entreprise comme cela.

Contrairement à Québec, une manifestation a avorté à Montréal, devant les bureaux du ministère des Transports. Les chauffeurs se sont contentés de parader dans leur voiture, autour de l’édifice, se fondant à la circulation et en klaxonnant.

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