Une majorité de Canadiens ne savent pas comment fonctionne le Régime de pensions du Canada (RPC) ou le Régime de rentes du Québec (RRQ). Ils ignorent de plus ce que signifierait pour eux –et leur chèque de paie– une bonification de ces régimes.
Or, quand on leur explique les effets potentiels que cette bonification prévue dans le reste du Canada pourrait avoir sur les salaires, 70 % des travailleurs s'y opposeraient, révèle un nouveau sondage Ipsos effectué pour la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI).
«C'est inquiétant de voir les gouvernements se précipiter pour mettre en place un changement de cette envergure, alors que la plupart des gens n'ont aucune idée de l'impact qu'il aura sur eux et leurs finances», a dit Martine Hébert, vice-présidente principale de la FCEI.
Les changements au RPC commenceraient en 2019. À terme, en 2025, les prestations annuelles maximales d'un travailleur retraité augmenteraient d'environ le tiers, pour atteindre 17 478$. Les cotisations augmenteraient aussi : par exemple, un travailleur gagnant un revenu de 55 000$ verserait une contribution de 7$ de plus par mois au RPC dès 2019, et de 34$ de plus en 2023. Son employeur égalerait ces montants.
D'après des sondages que la FCEI a réalisés précédemment auprès de propriétaires de PME, l'augmentation des cotisations au RPC/RRQ risque de provoquer un gel salarial.
Le Québec n’a pas ratifié cette entente, négociée en juin.
De son côté, Martine Hébert estime que les gouvernements n'ont pas suffisamment expliqué en quoi consiste cette bonification, «surtout que dès que les gens en savent un peu plus sur ce que cela pourrait avoir comme effet réel, ils n'en veulent plus ».
La FCEI demande aux gouvernements de mettre un frein à ce projet jusqu'à ce qu'ils informent correctement les Canadiens de tous les tenants et aboutissants que cela représenterait et qu'ils les consultent à ce sujet.
Confusion
Le sondage révèle que près de 40% des Canadiens pensent que le gouvernement paie une partie des cotisations au RPC (seul un répondant sur quatre sait que ce n'est pas le cas). Au Québec, ces pourcentages se chiffrent respectivement à 37% et 30% concernant le RRQ. Plus de 70% des répondants ne savent pas que les retraités actuels ne profiteraient pas d'une telle bonification.
« Il y a un message fort qui ressort de ce sondage : les gouvernements ont clairement beaucoup de pain sur la planche en matière d'information à la population avant d'aller de l'avant avec le plan de bonification qui est sur la table», dit Martine Hébert.
Notons que sur les 20 pays de l'OCDE, le Canada est au 17e rang en termes de couverture publique de la retraite. Il fait partie des pays qui ont la plus faible contribution publique aux revenus de retraite.