Déçus qu’une grève des taxis n’ait même pas été proposée lors de leur assemblée dimanche, certains chauffeurs croient qu’il s’agit de la seule façon de faire annuler le projet pilote avec Uber.
«Qu’est-ce qu’on est venus faire ici?», a hurlé un des chauffeurs de taxi, lorsqu’il a compris qu’il n’y aurait pas de vote de grève pendant l’assemblée de dimanche du Regroupement des travailleurs autonomes Métallos (RTAM).
Depuis que le gouvernement s’est entendu avec Uber, autorisant la multinationale à poursuivre ses activités dans le cadre d’un projet pilote, les chauffeurs de taxi ne décolèrent plus.
La menace de grève a été brandie ces derniers jours, si bien qu’environ 200 chauffeurs de taxi se sont déplacés à l’assemblée du RTAM pour se prononcer sur cet éventuel moyen de pression. L’ambiance était survoltée et les organisateurs peinaient à se faire entendre pendant que des dizaines de chauffeurs criaient leur colère.
«On est venus pour ça et on est déçus», lance Abdel Abdelghani, qui s’attendait à ce qu’une grève générale des taxis soit déclenchée cette semaine.
«On n’en peut plus du blabla interminable. Demain, ils [le RTAM] veulent rencontrer le ministre, mais nous, on sait déjà que ça ne donnera rien», croit-il.
Pas pour tout de suite
Selon le porte-parole du RTAM, la grève n’a pas été proposée parce qu’il «faut y aller étape par étape» et commencer par négocier avec le nouveau ministre des Transports, Laurent Lessard.
«On n’est pas en train de dire qu’on ne va pas faire la grève. Aucun moyen de pression n’est exclu, mais nous ne toucherons pas au transport adapté», a indiqué Benoit Jugand.
Procédures judiciaires
En plus de tenter de négocier avec le gouvernement, le RTAM promet de déposer une demande d’injonction provisoire contre le projet pilote de Uber.
«Ce que fait le projet pilote avec Uber, c'est d'écarter tout le système de gestion de l'offre pendant les périodes occupées», a expliqué Me Marc-Antoine Cloutier.
En proposant d’offrir un plafond de 50 000 heures de transport par semaine, soit environ 300 permis de taxi, les chauffeurs d’Uber risquent d'«inonder le marché les vendredis soirs» et pendant d’autres périodes achalandées, indique-t-il.
«L'entente conclue est inéquitable. On avait un engagement du gouvernement pour mettre en place un régime à une seule vitesse», a rappelé M. Jugand.
Le syndicat déposera aussi un recours collectif contre Québec, au nom de tous les chauffeurs de la province, afin de récupérer la valeur des permis de taxi qui aurait été perdue depuis l'arrivée d'Uber au Québec.
Taillefer sévira contre les grévistes
Rappelons d'ailleurs qu'Alexandre Taillefer, propriétaire de Téo Taxi, Taxi Hochelaga et Taxi Diamond, a promis de sévir contre les chauffeurs de taxi qui voudront faire la grève.
«La dernière chose que l’industrie du taxi a besoin de faire, c’est de prendre la population en otage», a-t-il affirmé en entrevue à TVA Nouvelles.
Il s'est dit prêt à sévir contre les chauffeurs affiliés à ses entreprises, évoquant même une désaffiliation.